Calendriers de l’Avent
Catherine Bierling
Aujourd’hui premier décembre, A., 7 ans et demi, ouvre enfin la première porte du calendrier de l’Avent que nous lui avons confectionné et
illustré de nos propres dessins et collages. Nous l’avons envoyé par la poste. Aujourd’hui : des champignons, cèpes et amanites tue-mouches, couleurs vives brun, rouge et blanc. C’est mon œuvre ! ;-)
Pour une fois, elle était heureuse de se lever à 7 heures. Demain, elle trouvera sans doute un dessin de papy. Au moins pouvons-nous ainsi communiquer, alors que nous sommes si loin et que nous craignons comme tant d’autres de ne pouvoir nous rejoindre à Noël.
En Allemagne, les calendriers de l’Avent sont une longue et ancienne tradition qui aide à supporter les longueurs du mois de décembre. Certaines villes mettent en scène des calendriers géants sur la façade d’une maison où une nouvelle fenêtre, réelle ou peinte, s’illumine chaque jour.
Même le Centre Culturel français nous envoie un calendrier virtuel pour s’excuser de ne pouvoir nous recevoir en chair et en os depuis un moment déjà.
Ces dernières années, il y a eu une sorte de débordement, chaque magasin rivalisant pour offrir une nouvelle sorte de calendrier. Cela peut aller des bières aux pin-ups dénudées, pour ceux du goût le plus douteux jusqu’aux petits livres à lire chaque jour, aux jouets, friandises, aux parfums ou aux savons, que sais-je encore. Il y a même des calendriers pour chiens et pour chats. L’esprit de Noël phagocyté par la voracité du business, rien de bien nouveau sous le soleil.
Bien qu’assez peu catholique, j’avais pourtant aimé découvrir cette coutume en arrivant en Allemagne, et je l’ai perpétué pour ma fille qui adorait cela et qui finissait par créer ses propres calendriers, pour compter les jours jusqu’à sa date d’anniversaire vers la fin janvier. Je me souviens d’une série de monstres désopilants qu’elle avait dissimulés derrière ses 24 petites fenêtres.
J’apprécie aussi les couronnes de l’Avent, faites de paille garnie de branches de sapin où l’on plante les quatre bougies qu’on allumera chaque dimanche : « Erst eins, dann zwei, dann drei dann vier, dann steht das Christkind vor der Tür ! » (D’abord une, puis deux, puis trois, puis quatre, et enfin l’Enfant Jésus est devant la porte). L’Allemagne est encore fortement imprégnée de culture catholique à un point où cela m’exaspère parfois. Mais ces petits rituels, aident les enfants à supporter l’attente impatiente de Noël, incite à bricoler, à ramasser des branches dans la forêt, et donc aussi à se lever le matin !
Mais cette année, ces coutumes ont pour moi une étrange résonance. Nous aussi, adultes, voilà que nous nous mettons à compter les jours, à essayer d’ouvrir des portes, à espérer que le « Christkind » va vraiment sonner à la porte et nous apporter quoi ? Un vaccin ? Un remède ? Une nouvelle envie de vivre et de tenir jusqu’au printemps ? Faudra-t-il continuer le rituel des petites portes à ouvrir jusqu’à ce que nous puissions enfin nous échapper de l’angoisse et de l’attente d’un retour éventuel à une vie (presque) normale ?
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