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Grains de sel
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Blog créé par l'Association pour l'autobiographie (APA) pour accueillir les contributions au jour le jour de vos vécus, de vos expériences et de vos découvertes culturelles.
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7 avril 2021

De la nature

Pierre Kobel

 © Photo Michel GouzyJe fréquentais beaucoup à cette époque la Haute-Ariège. Je me souviens de ce vieil ami avec qui je me promenais et qui m’expliquait les chemins de son enfance battus par les herbes, les maisons en ruines où il avait vu vivre des familles, un moulin qui était actif et dont il ne restait plus qu’une lourde roue de pierre enfouie dans la végétation. Je lis dans la presse comment les sociétés d’exploitation forestière détruisent la forêt amazonienne à force de coupes gigantesques qui marquent aussi la fin de ceux qui l’ont toujours considérée comme une mère nourricière.

Nous oublions trop souvent que nous sommes les enfants de la terre et que nos villes, nos civilisations ne sont que des artifices fragiles élevés contre elle. La nature ne s’est pas mise au service de l’homme, c’est lui qui l’a asservie. Et tout ce qui est creusement, coupe, arrachage, c’est l’empêcher de se développer, la blesser dans ses œuvres vives. Jusqu’à ce qu’elle puisse ensevelir la trace humaine et de nouveau laisser libre cours à ses mouvements. La terre est une esclave insoumise et nous en sommes les maîtres totalement dépendants. Car c’est en elle qu’est inscrite la véritable finalité de l’humanité.

Aucune force humaine ne sera jamais à la hauteur de celles de l’univers et de notre environnement. Notre seule chance c’est l’humilité et le respect. Le soleil devenu noir, le temps de quelques minutes dans un ciel d’éclipse, nous rappelle que nous ne sommes que des hommes et que, si c’est beaucoup à notre mesure terrestre, ce n’est rien à côté de celle qui est la sienne. L’exploitation outrancière des ressources, la destruction de la nature, les querelles de frontières, de croyances, de pouvoir, les enjeux d’argent ne sont plus que de misérables vanités face à la puissance de ce système stellaire auquel nous appartenons et qui nous détruira irrémédiablement comme il nous a permis d’exister.

Respect à ceux qui, comme Sebastião et Lélia Salgado s’engagent pour la reforestation et la sensibilisation à l’environnement. Respect à ceux qui, comme Greta Thunberg militent contre le réchauffement climatique, n’en déplaise à ses contempteurs qui lui font un procès à la hauteur de leur étroitesse d’esprit et de leur égoïsme.

Je finirai avec les mots du poète Alexis Gloaguen :

La nature n’indique jamais où, ni sous quel angle regarder. On fouille un horizon et c’est derrière soi que tout a lieu. On scrute le ciel pour manquer un prodige à terre. On voit ce qui frappe l’œil, ce que notre langue agrippe d’un mot, et l’on néglige des spectacles rares ou discrets devant lesquels notre ignorance nous tient sans vue. Qu’avons-nous manqué d’immense en des lieux où tout semblait respirer l’ennui ? Combien d’yeux nous regardaient, de tympans et de flairs nous percevaient, de ventres sentaient notre avance sur le sol sans que nous l’ayons même soupçonné, du haut d’un univers restreint à nos sens et à nos rêves émoussés ?

In Écrits de nature – Tome 1 | La Folie des saules, © Maurice Nadeau, 2017

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