Des lieux d'écriture
Pierre Kobel
Êtes-vous comme moi ? J’aime visiter les maisons d’écrivains. On y entre un peu comme dans un sanctuaire, habité soi-même de l’œuvre de celle ou de celui qui a passé ici tant d’heures et de jours à coucher ses pages d’écriture. On avance de pièce en pièce, curieux des lieux, des objets, de la présence latente de l’artiste, cherchant à la percevoir au-delà d’un temps figé et de la muséification des choses. Pour ma part je ne cesse de rechercher ces plaques apposées à la surface des maisons qui disent qui a habité l’endroit, le temps de quelques années ou une vie entière et souvent je suis frustré de ne pouvoir aller plus avant pour le visiter. Et bien sûr j’ai en mémoire vive quelques demeures : récemment celle de George Sand à Nohant, la maison de Victor Hugo place des Vosges, celle de Balzac rue Raynouard, celle de Jules Roy à Vézelay, le Monte Cristo d’Alexandre Dumas pour n’en citer que quelques-unes.
Frédérique Germanaud et Marcelline Roux sont écrivaines et amies. À la suite d’une résidence commune d’écriture à Vézelay et d’une correspondance préparatoire relative aux demeures d’écrivains, elles ont publié un livre, Habiter en écriture, aux éditions Rhubarbe et créé un blog homonyme qui recueille les témoignages de celles et ceux qui leur confient leur propre témoignage. Expériences diverses qui disent le rapport aux maisons : maisons familiales, appartement-atelier, pièces réservées, chambres d’hôtel ou d’hôpital. Témoignages des lieux rêvés et de ceux qui rendraient l’écriture impossible. Autant de façon d’aborder et de traduire l’acte d’écrire, l’implication de soi-même qu’il signifie.
Que sont nos propres lieux d’écriture et pour prolonger l’interrogation, l’enquête, que sont nos outils d’écriture, nos supports : carnets, cahiers, papiers divers et aujourd’hui pour certains, ordinateurs, tablettes et smartphones ? Quelles implications ont tous ces paramètres matériels sur le développement de la pensée, du récit, de la création ? Reste au bout du compte le texte, la langue et leur transmission. Tout ce qui précède présente l’intérêt de la cuisine qui conduit à l’élaboration du plat. Accordez-moi cette métaphore culinaire et puisse-t-elle signifier toutes les saveurs de la lecture !
Internet
Je clos ce billet avec quelques photos de maisons d’écrivains. Saurez-vous les reconnaître ?
Dans l’ordre de haut en bas et de gauche à droite :
- la maison d’Alain Fournier dans le Cher
- la tour librairie de Montaigne
- la maison de Julien Gracq à Saint-Florent le Vieil
- la villa Mont-Noir, maison familiale de M.Yourcenar
- la villa Arnaga d’Edmond Rostand à Cambo les Bains.