Connaissez-vous Béhuard ?
Pierre Kobel
Wikipédia qui sait tout nous apprend que Béhuard est une des deux seules communes dont les limites administratives coïncident avec les limites géographiques d’une île. Sa grosse centaine d’habitants vit sur ses 2 km² dans ce lieu exposé à la majesté de la Loire et à ses crues qui en font un village inondable.
La Loire, elle s’y déploie dans un panorama à perte de vue, ample paysage calme et serein qui sait masquer les dangers que recèle le fleuve. Mais se promener sur ses berges quand les seuls bruits sont les murmures de la nature et les cris animaux est un ressourcement après l’agitation urbaine.
Ce vendredi, je m’y suis promené au fil des ruelles étroites, entre les murs de vieilles pierres et sous l’égide de l’église Notre-Dame que l’on doit à Louis XI qui aimait le lieu.
J’y réside pour un long week-end de poésie pour assurer la présence de la maison d’édition de mes amis sur le marché qui s’y tient annuellement. Ce marché qui a longtemps existé dans la ville proche de Rochefort-sur-Loire avant d’être supprimé en 2017 a trouvé un relais à Béhuard grâce à l’initiative de Francis Krembel, instituteur et poète aujourd’hui disparu. La volonté de sa compagne et d’une équipe de bénévoles poursuit son entreprise.
Les amoureux de la poésie savent combien la vie de celle-là tient à la vie associative et à l’engagement de quelques-uns qui ne ménagent ni leur temps ni leur énergie pour faire vivre leur passion. Beaucoup à l’APA savent de quoi il retourne.
Donc durant deux jours Béhuard sera une île en poésie. Éditeurs, poètes seront présents pour découvrir, échanger, rencontrer l’autre et sa parole. Pour donner toute sa place à cette parole dont Sylvain Tesson et Jean-Pierre Siméon ont bien su dire à la Grande librairie du 30 juin qu’elle n’a rien d’élitiste, qu’elle est une parole pour tous et qu’elle appartient à tous. Une parole plus que jamais nécessaire pour dire le monde et tenter de s’opposer à sa destruction qu’annoncent les Cassandre et les fatalistes.
Ici, sur cette île fragile face à l’eau qui la tient sous son emprise, alors que nous sommes encore sous la menace d’une maladie qui ne cesse de jouer au chat et à la souris avec nous, la poésie redit qu’elle est une arme pour exister et donner de l’espérance.
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