Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Grains de sel
Grains de sel
Grains de sel

Blog créé par l'Association pour l'autobiographie (APA) pour accueillir les contributions au jour le jour de vos vécus, de vos expériences et de vos découvertes culturelles.
Voir le profil de apagds sur le portail Canalblog

Newsletter
Commentaires récents
18 mai 2022

Mes écoles 2 (suite et fin)

Guillemette de Grissac

 logo_nos_ecolesMon école

J’ai fini par débarquer un jour de novembre dans une classe de CM2 — qu’on appelait la 7e. Un mois après la rentrée.

 À l’école Clémenceau, aux Sables-d’Olonne. Classe de Madame Bertin. Son mari enseignait les garçons.

 20220518gds-mem_gdgri_mes_ecoles_2_eluardL’un comme l’autre, ils portaient une blouse grise. Cheveux gris aussi. J’ai tout de suite adoré Madame Bertin, son sourire d’accueil, son ouverture. Elle m’a appris Liberté d’Éluard, mais pas réussi à m’apprendre à compter. On disait qu’elle et son mari étaient « communistes » de même que la directrice de l’école Clemenceau. On disait cela en baissant la voix, « communiste » devait être une sorte de gros mot. Par chance pour moi, ma mère pensait qu’à l’école « privée » on n’apprenait pas bien. Elle disait : Mme Bertin est « de gauche », MAIS c’est une bonne institutrice.

 Madame Bertin m’a placé dans a « division des petites », puis, une semaine après, dans celle des « grandes » même si je ne savais pas bien compter ni sauter à la corde, ni coordonner mes bras et mes jambes pour les « mouvements d’ensemble ».

 J’étais peu habituée aux jeux qui demandent une habileté manuelle ou courir vite.

 J’avais une orthographe si parfaite et, pour que les autres ne me soient pas hostiles, je faisais des « fautes » exprès. Quand on jouait au « petit bac » je ne disais pas tous les mots que je connaissais, tant était grand mon désir d’être « normale ».

 Un jour de janvier, une « nouvelle » est arrivée. Nous sommes devenues amies inséparables. J’étais totalement amoureuse d’elle. Elle, un peu moins, car elle avait deux sœurs. Moi, j’avais dans mon cœur une immense place pour les « camarades d’école » et bientôt pour elle seule, Jacqueline.

 Tout a été beaucoup trop vite, car j’ai dû quitter Madame Bertin — pour me retrouver en classe de 6°, au lycée. Elle aussi, heureusement.

 Je ne savais toujours pas compter, mais j’avais beaucoup de vocabulaire et j’apprenais facilement le latin. Et j’ai aimé, adoré Jacqueline jusqu’à ce que nos centres d’intérêt divergent.

 Jacqueline, mon école du corps

 Un jour Jacqueline m’apprit que j’étais une femme. Pas seulement une petite fille, mais une Femme. Quelque chose m’arriverait qui en serait la preuve : chaque mois, dit Jacqueline, le « mauvais sang s’écoule ». « Moi, je serai bientôt “formée”. Toi aussi tu verras. C’est ma mère qui nous l’a dit, à ma sœur et moi. Alors, si ça nous arrive en colonie de vacances, on n’aura pas peur. »

 Comme il n’était pas question de « m’envoyer » en colonie de vacances, personne ne m’avait avertie.

 Jacqueline me donna aussi quelques informations sur le corps des garçons. Sur l’existence des poils, la présence de « couilles », la nécessité du soutien-gorge et des serviettes hygiéniques.

 Elle connaissait quelques blagues et « histoires salaces » que je répétais sans rien y comprendre.

 Moi j’inventais des pièces de théâtre dans lesquelles je faisais la fille et elle le garçon. Nous étions ainsi un couple d’amoureux. Je jouai le rôle de la princesse, elle était une sorte de Ruy Blas, mais c’est la princesse qui était soumise, éperdue d’amour. Fascinée.

 Aujourd’hui encore, de temps à autre sur Facebook, on se fait un petit clin d’œil.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Mode d'emploi

Adresser votre texte (saisi en word, sans mise en page, en PJ à votre mail) à l'adresse :

apagrainsdesel@yahoo.com

- Envoyez si possible une image (séparément du texte). Cliquez sur les images pour les ouvrir en grand
- Précisez sous quel nom d'auteur il doit être publié
- Merci de ne pas adresser de textes trop longs afin de laisser son dynamisme à la lecture. Des billets de 2000 à 4000 signes environ sont les plus adaptés à la lecture dans un blog.
L
es administrateurs du blog se réservent le droit de publier un texte trop long de façon fractionnée.


 

Publicité
Archives
Publicité