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Grains de sel
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Blog créé par l'Association pour l'autobiographie (APA) pour accueillir les contributions au jour le jour de vos vécus, de vos expériences et de vos découvertes culturelles.
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10 août 2022

Les Chicoufs et « Gan papi Jak »

 Bernard M.

 Ouf, les chicoufs sont partis…

 Vous connaissez ce petit raccourci que bien des grands-parents utilisent ? Chic, nos gentils petits monstres sont arrivés. Ouf, les voici partis, ils nous ont quand même pas mal mis sur les rotules… D. rajouterait bien « snif » à chicoufs, car elle est triste qu’ils soient partis et trouve la maison bien vide. Moi je dois dire qu’il me va très bien de les laisser s’envoler et de ne les revoir qu’à Paris lorsque nous y viendrons fin septembre.

 L’expression m’a paru bien adaptée. Après leur séjour d’un bon mois ici, on est sacrément fatigué. La prise en charge de petits de deux et cinq ans est extrêmement accaparante et épuisante. Ils sont mignons et terriblement attachants. Mais ce sont des boules d’énergie, ils sont pleins d’imagination, y compris dans l’invention des bêtises. La petite veut faire tout ce que fait son frère et se montre particulièrement entreprenante. Elle est très vive et me semble très avancée, c’était merveille aussi de voir son accès au langage en progression rapide, des mots isolés à son arrivée, de plus en plus de phrases construites à son départ. Ils sont très complices, mais en rivalité aussi parfois et pas faciles à gérer alors, avec les bouderies de Monsieur et les colères, parfois violentes, de Mademoiselle. Leur père était là, mais le plus souvent derrière son ordinateur, très accaparé par son travail et il nous a peu donné la main. Leur mère a passé tout le mois de juillet à Avignon où elle s’occupait de l’accueil et de l’accompagnement des trois troupes taïwanaises présentes sur le off puis elle nous a rejoints ici, avant que tous deux ne partent pour quelques jours de vacances en amoureux en nous laissant les petits.

 Fatigantes aussi les visites à mon père à l’EPHAD à une dizaine de kilomètres d’ici où il est hébergé temporairement pendant les congés de la personne qui s’occupe de lui à Paris. Fatigante par la part de stress qu’elles comportent, par la tristesse à le voir aussi dégradé. Nous y sommes allés presque tous les jours en délégations variées, à un, à deux, à trois ou quatre, avec ou sans les petits. Leur présence joyeuse, les jeux qu’ils ont partagés – loto, batailles, jeux des familles – le réjouissaient manifestement et cela faisait plaisir. Lorsqu’on l’accompagnait jusqu’à la salle du repas avant de le quitter, les petits faisaient venir bien des sourires sur les visages des vieilles personnes attablées. La demoiselle en particulier adorait aller le voir : « gan papi Jak » « gan papi Jak » manifestait-elle, dès qu’il était question de se mettre en route. Elle paraissait totalement à l’aise dans l’EPHAD, plus que son frère, comme chez elle, pas effrayée comme on aurait pu le craindre, par toutes ces vieilles personnes, souvent en fauteuil, aux visages souvent ravagés, certaines très agitées et éructant par moment des cris peu plaisants.

 Peu de sorties malheureusement. La canicule est trop pesante, surtout à ces heures de la fin d’après-midi où on peut aller le voir. On l’a amené deux fois pour déjeuner à la maison, mais le « voyage », comme la présence sur place, hors de l’ambiance climatisée de l’EPHAD, l’escalier à monter, tout cela a paru assez éprouvant pour lui, même s’il semblait heureux d’être là, de revoir cette maison et tous les souvenirs de ses propres parents. Heureux, mais comme à distance tout de même. Comme s’il s’en absentait, comme il s’absente progressivement de la vie.

 On a pris des photographies le jour de son anniversaire. Des photos de groupe, joyeuses, avec les enfants, des photos où l’on trinque, des photos où il souffle ses bougies (grandement aidé par son arrière-petit-fils à la grande joie de celui-ci). Un ou deux portraits aussi. J’aime beaucoup celui-ci qui me semble d’une plus profonde vérité que les photos plus festives où il parait comme contraint à partager une joie que peut-être il ne ressent pas profondément. Là, il me semble que c’est tout à fait lui, avec ce regard un peu lointain, empreint d’une certaine mélancolie, comme un regard porté sur les choses qui ne reviendront plus…

20220810gds-vie_bmp_les_chicoufs_et_gan_papi_jak

 

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Commentaires
E
Un beau regard, à la fois mélancolique et tendre...
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