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Grains de sel
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30 septembre 2024

Chroniq’hebdo | De l’écriture, de la misère, du Proche-Orient, d’un poète

Pierre Kobel

Dans ma Chroniq’hebdo précédente, je m’interrogeais quant à l’écriture et la possibilité de la libérer. À mon âge, j’ai encore l’impression d’être prisonnier de moi-même malgré les libérations auxquelles je suis parvenu.

Est-il trop tard pour trouver ma plume ? Ai-je un style personnel et si oui, est-il original ?

Durant le voyage prochain que je vais faire en solitaire, j’emporterai des carnets pour écrire et dessiner. En ferai-je ce que je voudrais ? Une vraie mémoire vivante.

En relisant une partie des épreuves de la prochaine FAR, je trouve une citation de Charles Juliet : « Une seule chose gouverne ma vie intérieure : me découvrir, me connaître et par là même connaître l’être humain, comprendre ce qu’est la vie, la libérer de ses entraves, la laisser déferler. » (9 décembre 1958)

*

En venant tôt un matin, dans le grand hall de la station du Forum des Halles, je vois des vigiles réveiller sans ménagement les SDF qui y avaient passé la nuit et émergeaient d’un sommeil difficile. Je ne sais pas comment me comporter avec ces personnes. C’est un mélange de compassion et de révolte. Compassion parce que je ne peux pas penser qu’ils sont là volontairement. « C’est de leur faute ! Ils n’ont qu’à travailler ! » Très peu pour moi ! Je repense aux deux livres d’Ervé qui racontent la rue, le trottoir, la misère et ce qu’elle entraîne. Révolte parce qu’il n’y a pas à s’apitoyer, qu’il n’y a pas à y voir du pittoresque, du romanesque. Je pense à cette femme sans âge qui, il y a quelques années, dormait par tous les temps sur le trottoir du boulevard Sébastopol. Elle se confondait avec sa literie de fortune, le tout ne formant qu’un tas de chiffons informe dans lequel elle serait restée indécelable sans quelques mouvements qui la laissaient percevoir. Il y a longtemps que je ne la vois plus. Qu’est-elle devenue ? Quel malheur l’a emporté ? S’ajoute-t-elle à la liste des victimes du Covid ?

Oui révolte quand notre société refuse de faire face à cette situation, quand les pouvoirs publics n’allongent pas les quelques finances qui permettraient à la plupart de vivre mieux, de retrouver une dignité. Et honte à ceux qui veulent les exclure, qui les sortent du champ social et ne veulent pas les voir. Est-ce que je vaux mieux ? Mes propos ne me dédouanent pas de ce que je ne fais pas pour eux. Que pourrais-je de plus si je m’arrêtais à leur déchéance ? Mais je suis quand même en colère !

*

J’étais là pour aller de nouveau au cinéma où j’ai vu le dernier film de Sophie Fillières, Ma vie Ma gueule, film particulièrement autobiographique et que la réalisatrice, emportée par un cancer, n’a pu mener jusqu’au bout. Ses enfants ont terminé son travail et Agnès Jaoui, qui est de quasiment tous les plans, porte ce film avec une sensibilité impressionnante. Je la savais grande actrice, elle renforce là ma conviction.

*

Le monde part-il à vau-l’eau ? Quand ce n’est pas la guerre en Ukraine qui fait la une, ce sont les combats à Gaza. Et maintenant le champ des opérations se transporte au Liban avec les opérations que mène Israël contre le Hezbollah. L’explosion des bippers et autre talkie-walkie la semaine dernière laisse bouche bée quant à l’efficacité de Tsahal et des services israéliens. Les bombardements qui ont conduit à l’élimination de Hassan Nasrallah renforcent l’impression première. Certains penseront que tout cela se justifie et que la guerre ne prête pas à faire des sentiments. Il y a au Proche-Orient, une situation qui s’est exacerbée au fil des décennies sans que rien ne semble pouvoir y remédier. Les haines réciproques, attisées par les intérêts des uns et des autres, salopards du pouvoir qui, dans tous les camps, conduisent les peuples à s’écharper pour protéger leur pré carré et leur gouvernance, conduisent au malheur des plus fragiles. Là encore, quelle rage de se sentir impuissant devant les images diffusées dans les médias et l’indifférence qui se développe dans les esprits et les cœurs à force d’infos répétitives !

*

Au moment de boucler cette chronique, j’apprends la mort de Jacques Reda à l’âge de 95 ans. Il fut et restera un poète majeur de son temps. Je l’ai beaucoup lu comme critique de jazz avant de le lire plus avant comme poète. J’aime toujours sa plume curieuse, vagabonde, incisive sans être agressive. J’ai eu l’occasion de le voir et l’entendre plusieurs fois. La dernière ce fut au festival Voix Vives de Sète en 2015 et j’aime cette image de lui qui reflète bien ce que sa personnalité avait de volontaire et d’inquiet à la fois.

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