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Grains de sel
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Blog créé par l'Association pour l'autobiographie (APA) pour accueillir les contributions au jour le jour de vos vécus, de vos expériences et de vos découvertes culturelles.
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23 septembre 2024

Chroniq’hebdo | De la poésie, de la justice, de la politique, des mots

Pierre Kobel

Semaine de poésie. Entre deux rencontres lectures dans ma banlieue et avec la préparation finale du numéro 3 de la revue Libres Mots que mon ami Éric et moi avons créée au début de l’année. Il y a là avant tout le plaisir de la transmission, fervente, chaleureuse. C’est la poésie dans ce qu’elle a de plus immédiat, de plus simple, qui se joue ici.

*

Depuis un certain temps, le cinéma fait beaucoup recette avec des biographies de personnages réels, des biopics, où le public aime sans doute à se reconnaître dans ses aspirations ou dans ses souvenirs personnels. C’est ainsi qu’on nous annonce des films sur Lee Miller, Sarah Bernhard, Aznavour dans les mois à venir. J’y pensais aussi en terminant le Trencadis de Caroline Deyns qui est consacré à Nikki de Saint Phalle, elle aussi sujet d’un prochain film. Personnage méconnu à la liberté personnelle et créatrice sans pareille, liberté qu’elle a gagnée contre les drames de sa vie et contre les convenances de son milieu social. Dans un livre puzzle, Caroline Deyns raconte cette vie en mosaïque. C’est le sens du mot Trencadis : « Une mosaïque d’éclats de céramique et de verre. De la vieille vaisselle cassée recyclée pour faire simple. Si je comprends bien, se dit-elle, le trencadis est un cheminement bref de la dislocation vers la reconstruction. Concasser l’unique pour épanouir le composite. Broyer le figé pour enfanter le mouvement. Briser le quotidien pour inventer le féérique. » (Babelio).

Par ailleurs je suis allé voir Ni chaînes ni maîtres de Simon Moutaïrou qui met en scène la condition des esclaves dans l’Isle de France (l’île Maurice) en 1759. Si l’on oublie parfois que l’esclavage dure encore dans le monde, c’est l’occasion de se souvenir que le sort ignoble fait à ces femmes et ces hommes avec la bonne conscience de la supériorité blanche et les arguments d’une foi aveugle fait écho aux oppressions que subissent encore des personnes dans le monde contemporain. Qu’on pense au sort des femmes afghanes sous la férule talibane, aux persécutions exercées contre les Rohingyas en Birmanie, à celles infligées aux vaincus dans certaines parties de l’Afrique ou dans les terres ukrainiennes envahies par les armées russes. Ni chaînes ni maîtres est un film fort, dur, aux enjeux politiques. Film d’histoire, de mémoire, mais aussi film qui dit la révolte et le refus de la soumission.

Autre film, celui de Daniel Auteuil, Le fil. Auteuil s’empare d’une histoire vraie pour en faire un film de procès comme le cinéma se plaît à en réaliser périodiquement. L’histoire est troublante et donne à penser tant des tréfonds de la psychologie humaine que des artéfacts de la justice. Celle-ci qui se veut représentante du peuple et n’accepte des jurés populaires que pour les soumettre aux diktats des professionnels, qui se veut garante de l’équilibre du jugement, mais laisse toute la place à plus grande des subjectivités qu’est l’intime conviction, qui professe que le doute doit profiter à l’accusé, mais laisse des non-preuves l’emporter dans les jugements. Autant de réflexions qui m’assaillaient en sortant de cette projection et renforçaient la crainte que j’ai toujours eue de cette machine judiciaire plus apte à broyer l’humanité qu’à la respecter. Si l’ensemble des acteurs sont à la hauteur de leurs rôles, mention particulière pour Grégory Gadebois qui éclaire le sien d’un talent exceptionnel.

*

Je m’aperçois que cette Chroniq’hebdo est la 150e. Et j’éprouve toujours autant de plaisir et d’envies à les écrire chaque semaine entremêlant des parts de mon journal personnel et des ajouts particuliers. Parfois je me sens gêné aux entournures par les mots. Je veux dire par là que je ne sais comment trouver l’équilibre entre leur justesse et le souci de leurs libertés. Comment éviter de trop bien écrire au point de me contraindre à un style ampoulé, qui ne laisse rien dépasser ? Quelles lignes rouges, tant dans la forme que dans le fond, ne faut-il pas dépasser ? Quelles indignations, quelles colères, quelles prises de position dois-je mesurer pour ne pas heurter ceux qui me lisent ? Cela me rappelle les débuts de mon journal à l’adolescence où je me faisais une règle de ne jamais utiliser de mots grossiers. Qu’avais-je à craindre qu’un « merde ! » ou un « putain ! » bien sentis puisse choquer, d’autant que je n’étais déjà que mon seul lecteur ? Dans ces chroniques, je ne cherche aucunement à convaincre qui que ce soit de ce que j’écris et je reste profondément convaincu que c’est dans l’échange et le partage des différences, voire des divergences, que nous nous construisons.

Rien de plus énervant que ceux qui veulent parler au nom des autres. J’évoquais plus haut la justice qui se fait au nom du peuple, mais dont les mécanismes conduisent à de tout autres fins. Je pense aussi en ces jours de gouvernance instable et tourmentée à tous ces politiques qui n’ont que l’opinion des Français à la bouche et se foutent allégrement d’eux dès qu’ils quittent les tribunes médiatiques. Chacun veut que les Français pensent de telle ou telle façon qui, évidemment, correspond aux intérêts du personnage qui parle et de son clan. Mais de qui se moque-t-on ? Barnier a réussi à peine à former un gouvernement que déjà, ils sont tous dans les starting-blocks pour les présidentielles de 2027, pour atteindre l’acmé de leur carrière et pouvoir faire mumuse de ce pouvoir exorbitant qui est le leur. On voit ce que cela donne aujourd’hui, mais aucune leçon n’en est tirée. Ils dépensent tellement d’énergie à se concurrencer, à s’écharper et à calculer des combinaisons de pouvoir qu’ils en oublient la raison nécessaire pour l’exercer. Et je reviens à ce mot que j’aime tant et qui n’est jamais de trop dans les relations de toutes natures : l’humanisme. Illusion ? Utopie ? Je n’en démordrai pas, je revendique. Il me suffit de lire des poèmes, des pages des amis de l’APA pour m’en convaincre.

Tout embrasser

Dans le cercle de mon esprit
Tout embrasser

Commencer par le souffle
Ralenti
S’installer dans la lenteur

Poursuivre dans le regard
Bienveillant
À hauteur d’autrui

S’éloigner des peurs
De soi-même
Se fondre dans la différence

Quitter ma maison de murs
M’agrandir
Me fondre dans le cosmos

Retrouver l’homme
Par l’espace
Redevenir l’éternel

 

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