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Grains de sel
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Blog créé par l'Association pour l'autobiographie (APA) pour accueillir les contributions au jour le jour de vos vécus, de vos expériences et de vos découvertes culturelles.
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2 septembre 2024

Chroniq’hebdo | De la politique, du handicap, d’un film, d’une écrivaine et de l’APA

Pierre Kobel

On a envie de leur dire : « Ça suffit ! Vous nous prenez pour des clowns ? » Depuis quelques jours la politique a repris le dessus et Macron consulte pour nommer un nouveau Premier ministre et constituer un gouvernement. Résultat, il ne sort rien du chapeau du magicien jusqu’à présent. Lui, le premier, voudrait rester maître d’un jeu qu’il a détruit en provoquant les législatives anticipées et face à cela, tous les tenants des partis tentent de tirer la couverture à eux sans jamais rien céder. Tous démontrent un singulier mépris des électeurs, de leur opinion et même de leur existence. Si la quinzaine olympique a été une fenêtre joyeuse et insouciante, si celle des Jeux paralympiques va dans le même sens, ne nous leurrons pas, cette situation politique provoque une instabilité dangereuse et à terme, risque de nous entraîner à un chaos social et économique.

*

Ouverture des Jeux paralympiques. Ambiance festive et chaleureuse, mais qui donne la mesure du chemin à parcourir pour une inclusion totale du handicap dans la société. On en est loin encore.

Je pense à deux amis que nous avons accompagnés durant des années avant leur disparition, aux galères qui étaient les leurs le plus souvent pour accéder à des lieux publics : cinémas, théâtres, musées pour ne citer que les plus courants. Ils réagissaient par l’attaque, l’ironie et ne cédaient rien. Avaient-ils besoin d’agir ainsi ? Oui, sans doute. Ils déstabilisaient leurs interlocuteurs sans jamais les laisser céder à la compassion et aux bons sentiments. Leurs exigences étaient à la hauteur de leurs besoins, il n’y avait pas à pleurer leur sort, mais à y répondre parce qu’ils étaient des citoyens à part entière au-delà de leur handicap.

Ces jours-ci tout est bon pour valoriser les sportifs des Jeux paralympiques, le discours officiel et celui des journalistes va dans un sens consensuel, mais qu’en sera-t-il demain quand le métro sera toujours inaccessible presque partout aux fauteuils, lorsqu’un trajet valide de 30 minutes sera de deux heures pour une personne handicapée ? 15 pour cent de l’humanité est atteinte d’un handicap. Est-ce trop pour l’aveuglement, l’indifférence et l’égoïsme des autres ?

*

Je suis allé voir le dernier film de Jacques Audiard, un réalisateur que j’apprécie beaucoup depuis longtemps. Émilia Perez raconte la transition du chef d’un cartel mexicain de la drogue en femme et sa tentative de résilience qui se soldera par un échec. Tant du point de vue formel que par le propos qui est le sien, c’est un grand film magnifiquement interprété.

*

Le Monde publie une série d’articles, « Marguerite Duras, l’éternelle mythologie » consacrés à l’écrivaine qui, vingt-huit ans après sa mort, est toujours d’actualité.

Au fil des textes, quelques-uns de ses mots qui vont dans le sens de ce qui est écrit à propos d’elle : « Elle invente sans cesse, tout, l’écriture et le quotidien. »

« Je mens, je dis la vérité. »
« L’histoire de ma vie n’existe pas. Ça n’existe pas. Il n’y a jamais de centre. Pas de chemin, pas de ligne. Il y a de vastes endroits où l’on fait croire qu’il y avait quelqu’un, ce n’est pas vrai, il n’y avait personne. »
« Je représente tout ce qu’une partie de vous refuse : l’incohérence, l’indiscrétion, l’orgueil, la vanité, l’engagement politique naïf, la violence désordonnée, le refus catégorique, le manque de ménagements, la méchanceté. Je ne pourrais pas m’arrêter. »
« Écrire, c’était ça la seule chose qui peuplait ma vie et qui l’enchantait. Je l’ai fait. L’écriture ne m’a jamais quittée. »
« Écrire, c’est écrire pour soi. »

J’ai toujours été curieux de Duras, depuis que j’ai commencé à la lire. C’était une femme puissante pour reprendre une expression à la mode. Sa postérité dit l’importance de son œuvre. Elle m’interpelle parce qu’elle y rejoint mes interrogations quant à la frontière entre le réel et la fiction, quant à la part de réinvention de nos existences, quant à la distance entre le réel et le rêvé.

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Après l’APA dans Télérama, l’APA dans Libération avec deux articles et bientôt dans une émission de France-Inter. Et d’octobre à mars 2025, l’association sera présente dans la prochaine exposition des Arts déco consacrée à l’intime. Mais quand l’intime devient si public, est-ce encore de l’intime ? Et face à cette interrogation, je reviens à la phrase de Jane Birkin : « Même si on déballe tout, on ne dévoile pas grand-chose. » J’aime cette idée du secret, du masque, du non-dit et/ou du déguisé. Non pas qu’ici ou dans mes chroniques, je ne suis pas sincère. Mais je sais que je ne dis pas tout, que je ne peux pas tout dire.


 

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