La maison de la mer : épisode 2
Bernard M.
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Nous y viendrons souvent, parfois l’été, mais surtout lors de vacances de mi-saison, en février, à Pâques, à la Toussaint.
À l’exception d’une seule, il n’y a pas de maison entre la nôtre et la plage, juste une grande prairie. Quelques maisons plus anciennes cependant dans deux petites rues adjacentes…
Peu à peu des appartements se sont vendu, des Parisiens pour la plupart, connaissances d’Ania, une famille polonaise aussi au rez-de-chaussée. Tous les étés ils traversent la moitié de l’Europe depuis Varsovie avec leur grosse voiture, ils ont deux garçons qui ont à peu près l’âge des nôtres, quand les enfants grandiront ce sera l’occasion dans la prairie en face de redoutables matchs de foot France-Pologne, deux contre deux.
Un jour, chez le poissonnier, improbable rencontre : un papa que nous croisons régulièrement au cours de musique Yamaha où nous amenons nos enfants respectifs. On restait sur place le temps du cours et cela nous avait donné l’occasion de sympathiser. Ils ont ici depuis quelques années une petite maison de vacances. Quel hasard !
Le canapé, outre de nous accueillir la nuit pour dormir, est le terrain de bien des jeux pour nos deux garçons. J’ai retrouvé dans les profondeurs de mon ancien blog ce que j’avais écrit à ce sujet. Je ne me fatigue pas aujourd’hui et me contente de recycler ce que j’avais écrit à l’époque, en décembre 2005 :
« Lorsque nous avons acheté ce petit appartement en Bretagne il y a une quinzaine d’années il était déjà meublé d’un mobilier de bric et de broc que nous avons gardé. Dans le séjour en particulier trônait une banquette en mousse, le “canapé jaune” que l’on dépliait pour y faire chaque soir notre lit, la petite chambre étant occupée par les enfants.
Depuis quelque temps je souhaitais remplacer cette banquette par un canapé-lit un peu plus confortable et surtout qu’on puisse replier et ouvrir sans être obligé chaque jour d’enlever et remettre la literie.
Voilà qui est fait. On a été livré ce matin. Et la vieille banquette est repartie avec les livreurs.
C’était un des plaisirs de ce lieu le canapé jaune. À la fois léger et costaud, il était propice au chahut avec ses deux gros boudins amovibles qui formaient dosseret et accoudoirs.
À peine arrivé dans l’appartement alors qu’on était encore occupé à décharger la voiture, le premier jeu des garçons consistait à se jeter sur le canapé avec des cris de triomphe puis à sauter fébrilement dessus. Il y avait aussi des bagarres à coups de boudins. Il y avait les séances “d’écrasade”, il fallait se coucher sur l’un des côtés de la banquette et replier l’autre vivement par-dessus, s’y asseoir comme si l’on ne s’était pas aperçu qu’il y avait quelqu’un dedans. Le matin on venait y secouer les parents encore à demi endormis. Et les boudins à l’occasion servaient aussi à dessiner des territoires sur le sol, à construire avec une chaise et la couette, une cabane dans la pièce…
Source de jeux inépuisables ! Costaud l’animal tout de même pour avoir résisté à tous ses traitements. Et bien adapté au jeu pour qu’aucun de ces chahuts n’ait occasionné de casse, de blessure ni aucune conséquence néfaste (si tout de même quelquefois la montée de la voisine du dessous, exaspérée par les sauts au-dessus de sa tête… et c’était devenu une des questions des garçons en arrivant : l’appartement du dessous serait-il occupé et pourrait-on ou ne pourrait-on pas jouer librement “au canapé”). »
Peu à peu le paysage a changé. Des maisons ont surgi un peu partout. La grande prairie jusqu’à la mer en compte une quinzaine. Plus de partie de foot sur la prairie. Les bois en arrière du polder se sont progressivement réduits, de belles villas, le plus souvent avec de grands terrains très arborés y ont été construites. Heureusement le polder lui-même n’a pas changé : propriété du Conservatoire du littoral, il est inconstructible.
Notre maison elle-même a évolué. En 2009 on a accroché des terrasses côté mer, des terrasses légères, de simples caillebotis de bois ajourés portés par des poteaux métalliques en avant de l’immeuble. Quel bonheur d’avoir désormais un petit dehors, on l’on peut poser une table sur laquelle on peut prendre nos repas quand le temps le permet et contempler les beaux ciels au soleil couchant.
C’est dans ce lieu, dans son appartement du 3e étage, que ma petite sœur a choisi de passer les derniers temps de sa vie, quand elle a su qu’elle était condamnée à assez brève échéance. Elle a quitté Paris et est venue s’installer ici. Cela lui permettait aussi de se rapprocher de son fils installé en Bretagne à une quarantaine de kilomètres d’ici. Dans les premiers temps, elle avait encore assez de force pour aller passer de longs moments à la plage. Puis quand la fatigue est devenue telle qu’elle ne pouvait plus descendre et remonter les trois étages, elle restait chez elle, passait autant de temps qu’elle pouvait sur sa terrasse, contemplant la mer et le ciel de loin. Et c’est donc d’une autre empreinte, plus grave, que cette maison est désormais marquée et qui en fait un peu plus qu’une simple maison de vacances. Nous n’oublierons pas le bref séjour que nous avons fait ici à la fin novembre 2020 dans l’ambiance très particulière du confinement pour assister à ses obsèques et soutenir notre jeune neveu…
Sic transit ! Désormais ce sont nos propres petits-enfants que nous voyons découvrir les joies du bord de mer. Tout à fait les mêmes jeux que leur père enfant : se faire rouler dans les vagues, construire des châteaux de sable et observer la marée montante qui les détruit, à la marée descendante aller pêcher à l’épuisette dans les flaques au milieu des rochers… Et cette année dans l’appartement des Polonais au rez-de-chaussée, c’est la fille des propriétaires qui est là avec son compagnon et avec son bébé de quelques mois… Heureuse continuité…
J’aurais bien aimé illustrer ce billet avec une photo du fameux canapé jaune. J’ai voulu télécharger celle que j’avais mise en regard du billet originel. Elle n’apparaît plus. Seul un lien signale sa présence. Mais ce lien ne fonctionne plus, il mène à une page « Not found ». Canalblog conserve vos archives, mais pas tout ! C’est bon à savoir pour notre blog d’aujourd’hui.
Alors ce sera une image toute fraîche des explorations dans les flaques…
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