Télégramme de Toulouse
Anne-Claire Lomellini-Dereclenne
Des gens sympas.
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La basilique Saint-Sernin avec les reliques des différents saints dans la crypte, en bas. Une très belle exposition sur la passion du Christ, avec des tableaux d’Éloïse Molinié. Des voûtes romanes qui se succèdent. Une grande sobriété se dégage de ces murs alternant brique et pierre blanche. L’atmosphère est au recueillement, les voix se font faibles, le ton baisse. On est comme le soir à la veillée, et d’ailleurs des bougies sont allumées pour les saints. Le reflet des bougies sur le sol en marbre. Les cierges, le chapiteau des colonnes et les bêtes bizarres qui y figurent.
Médiéval. Inquisition. En haut, en bas, en bas, en haut.
La tête tourne.
Ivre de couleurs, d’encens, de lecture en latin.
Il faut que je reprenne le latin, là où je l’ai laissé en fin de seconde.
Domine, domine, qui substinebit ?
Seigneur, Seigneur, qui survivra ?
Le soir, le ciel bleu, une brise tellement agréable sur les bras. La place du capitole, lumineuse, éclatante de lumière et de soleil. Le bleu, l’orange. Flash de couleurs, flashs de lumière.
Les terrasses, les gens sur la terrasse, les sourires, les rires forts, la détente.
Deux verres de vin blanc, puis trois. C’est trop, mais c’est la copine qui a voulu et qui les a commandés. Alors on les a bus pour le fun. On le regrettera plus tard dans la nuit. Tant pis, on prendra un doliprane.
Le lendemain.
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Le vent du Lauragais. Les plaines et les collines qui se suivent. Autre alternance de couleurs. Un air de Toscane, parfois. Le ciel bouché, mais pas la pluie, encore, contrairement à ce qui avait été annoncé. Les tournesols. Des champs entiers. Les clochers en brique dans les villages éparpillés çà et là. Un tableau de Van Gogh quelque part dans ma tête, qui flotte, en arrière-plan de ma pensée vagabonde. Et au fond, dans une lumière un peu floue, la chaîne des Pyrénées bleue qui se détache en ombre chinoise.
La conduite de la collègue qui me rend un peu malade et les discussions techniques sur les process, le sanitaire, le boulot, quoi.
La visite du composteur, la visite du méthaniseur.
Les andains qui chauffent. Il paraît que certains s’enflamment spontanément. La professionnelle le confirme. Quand on a dix degrés le matin et que ça chauffe à plus de trente l’après-midi, le procédé s’emballe.
Moi qui m’ennuie.
Moi qui n’arrive pas à me canaliser sur une seule activité. À discipliner ma pensée.
La fatigue l’après-midi en salle.
Et puis, des discussions en vrac. A brûle pour point. Récupérées au vol. Inattendues. Sans a priori.
Ce gars qui en début de semaine me semblait insignifiant. Finalement une discussion assez longue sur la pause du midi. Des intérêts communs. Des gens sympas.
Une vie simple.
La vie à Toulouse.
11 septembre 2024.
Souvenir de cette date. 23 ans.
Stop.