Un livre et de nouvelles pistes
Mireille Podchlebnik
Mes lectures se font plus rares en ce moment en raison de sources d’inquiétudes multiples qui troublent la sérénité indispensable à toute concentration, mais peut-être aussi l’attention volante s’accroît-elle avec le temps…serait-ce encore l’un des méfaits de l’âge ?
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Malgré ce constat, dernièrement, une lecture m’a particulièrement captivée. Alors que je flânais rue Rambuteau, je suis entrée dans la chaleureuse librairie Les cahiers de Colette, je voulais me procurer le livre de Bastien François Retrouver Estelle Moufflarge, dont j’avais entendu parler à la radio quelques mois auparavant.
Le vendeur m’informa que le livre ne se vendant pas suffisamment repartait chez l’éditeur, mais par chance les cartons de réexpédition étaient encore dans la boutique et il eut la gentillesse d’en ouvrir un pour en extraire le fameux livre ! Je m’étonnais que si peu de personnes sont intéressées et suggérais qu’il soit mis plus en avant, mais l’afflux attendu des ouvrages pour la rentrée littéraire et le manque de place dans la librairie ne permettaient pas ce choix.
Pour me réconforter des contraintes économiques qui dominent et contre lesquelles plus personne ne semble pouvoir lutter, je me suis rendu chez Manteigaria une fameuse boutique située en face de la librairie et spécialisée dans la fabrique de Pasteis de Nata, un vrai délice !
Le livre est un récit précieux né d’un long et minutieux travail de recherche.
L’auteur, professeur de sciences politiques, part sur les traces d’une jeune fille qui habitait la même rue que lui dans le 18e arrondissement de Paris et qui connut durant la guerre le destin tragique de la déportation vers le camp d’Auschwitz-Birkenau, le 28 octobre 1943. Il est ému par le sort de cette jeune adolescente et cherche à reconstituer sa trajectoire, interrogeant de multiples archives, retrouvant les gens ou descendants de ceux qui auraient pu la connaître. Il se rend dans les lieux qu’elle a fréquentés que ce soit le quartier populaire Cayenne à Saint-Ouen ou le lycée Jules Ferry où elle fut un temps scolarisée et son regard sociologique donne à découvrir de multiples aspects de vie et de fonctionnement des institutions de l’époque, pas très reluisantes d’ailleurs en ce qui concerne le zèle des rectorats durant l’occupation….
Sa quête a duré plusieurs années et comme il le dit fort justement : « Moins on a de traces plus l’enquête est longue ».
Partir sur les traces des morts pour que leur vie ne soit pas réduite à ce seul évènement fait écho à mon travail de recherches familiales. De plus, cette lecture a permis d’éclairer le sens de certains des documents historiques que j’ai pu récolter et elle m’ouvre de nouvelles pistes.
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