Merveilleux Paris
Bernard M.
Pour pouvoir assister à la réunion du comité de rédaction de La Faute à Rousseau de ce soir, je ne suis pas rentré dans ma province avec D. dimanche et suis donc encore à Paris.
Lundi et mardi ont été des journées d’hiver somptueuses, froides, mais sans excès et merveilleusement lumineuses, et j’ai donc pu effectuer de grandes promenades, appareil photo en bandoulière.
Lundi je suis parti de Sully-Morland pour effectuer une balade sur les quais piétonniers avant de rejoindre Notre-Dame. À ma surprise, alors que je pensais qu’il fallait réserver pour y entrer en dehors des offices, j’ai vu sur le parvis une queue non démesurée et surtout qui avançait rapidement et donc je m’y suis installée. Moins d’un quart d’heure plus tard, j’étais à l’intérieur. La contrepartie c’est qu’il y avait beaucoup, beaucoup de monde à l’intérieur, un flot continu avec, à certains moments, de véritables bouchons piétonniers. Mais quelle beauté ! Le beau calcaire nettoyé, clair comme il devait être sans doute peu après la construction, le mobilier rénové, les tableaux des chapelles latérales nettoyés, la lumière d’ensemble mêlant le soleil généreux et les nombreux candélabres, on se dirait presque : quel dommage d’être mécréant et de ne pouvoir rajouter à cette beauté le sentiment d’une divine présence ! J’ai ensuite rejoint à pied Saint-Germain, long arrêt à la librairie Taschen (que d’ouvrages somptueux, mais, en sus de leur prix dissuasif, où les mettrais-je ?), puis Montparnasse (la rue de Rennes m’a paru bien longue !) pour terminer dans un siège enfin aux Sept Parnassiens et me laisser emporter par le magnifique film de Michel Hazavinicius, La plus précieuse des marchandises. Beauté et inventivité plastiques des dessins, émotion grandissante à mesure que s’éloigne la douceur initiale et qu’on approche des camps et une fin magnifique avec le texte dit en voix off par Trintignant, dont j’imagine que c’était l’une des dernières prestations, ce qui ajoute à l’émotion.
Hier mardi, la balade a commencé au métro Odéon sous un soleil aussi franc que la veille. J’ai rejoint le Luxembourg pour aller voir l’exposition Tarsila do Amaral (1886-1973), une peintre de la modernité brésilienne profondément originale aux approches successives variées, cubistes, surréalistes, monumentalistes, « anthropophagiques », prolétarienne… Elle a beaucoup voyagé, été au contact de nombreux courants, mais c’est dans l’évocation de son Brésil natal, de ses campagnes et de ses villes, de ses fleurs et de ses animaux, qu’elle révèle sa profonde originalité. Ce qui me frappe c’est qu’avant d’aller à cette exposition, je n’en avais jamais entendu parler. Immensité des territoires de l’art ! J’y suis allé un peu par hasard, après avoir éliminé plusieurs autres expositions que j’aurais aimé voir, mais pour lesquelles il fallait réserver à l’avance, se contraindre à des créneaux obligés. Là, quel plaisir de se pointer nez au vent et d’entrer sans avoir à attendre. J’ai ensuite longuement marché et photographié dans le jardin du Luxembourg, puis suis remonté par Port-Royal à pied jusque chez moi. Quatre bonnes heures de station debout et de marche là encore.
Et c’est la bonne nouvelle. Je n’en ai pas ressenti de douleurs, contrairement à ce qui se passait jusqu’à tout récemment. Les difficultés liées à mon opération de la hernie s’estompent, le chirurgien m’avait parlé d’une gêne pour la marche pendant trois semaines et c’est bien ce qui s’est passé, déjà à Bruxelles, cela allait beaucoup mieux, mais là j’ai l’impression d’avoir vraiment retrouvé mes capacités de marche habituelles (enfin en ce qui concerne la marche à plat, avec de la dénivelée, ce serait autre chose, je n’ai pas rajeuni pour autant et je crains que les ascensions ne soient plus de mon âge !).
Internet
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Allociné | La plus précieuse des marchandises
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