Une brève rencontre
Mireille Podchlebnik
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Cette semaine, en allant prendre le métro à la station Saint-Paul, rue de Rivoli, j’ai été agréablement surprise par une rencontre inattendue.
Ce jour-là, il y avait du monde devant les portillons d’accès qui mènent en direction des voies.
C’est d’ailleurs souvent le cas dans cette station, même en dehors des heures de pointe, car, sur les 4 tourniquets, il y en a toujours au moins un qui ne fonctionne pas. De plus, cette station draine les lycéens et écoliers des établissements de proximité ainsi que de nombreux touristes venus visiter le quartier du Marais et les musées alentour. En conséquence, l’accès se transforme vite en goulet d’étranglement en raison de l’attente de groupes et/ou de personnes arrêtées devant le guichet de vente et d’information situé sur le passage.
Enfin, arrivée près d’un accès fonctionnel, je m’apprêtais à présenter ma carte Navigo pour, une fois le tourniquet débloqué, pouvoir pousser le battant en évitant de me le prendre en pleine figure. Mais soudain la dame qui me précédait se mit à l’écart pour me laisser passer. Elle avait dû sentir derrière elle une certaine impatience !
Elle me dit qu’elle n’était pas pressée, car personne ne l’attendait, je lui répondis que, moi non plus personne ne m’attendait tout en la précédant devant son invitation réitérée, je retins la porte pour qu’elle passe plus aisément et restais à ses côtés.
Elle me répéta qu’elle n’était pas pressée, car personne ne l’attendait et ajouta, vous comprenez à mon âge, 95 ans, plus personne ne m’attend. Je la regardais avec étonnement et admiration, car elle ne semblait pas du tout aussi âgée. Cette dame menue, alerte et élégamment vêtue portait de jolies boucles d’oreille ; le visage légèrement maquillé et la coiffure soignée, elle pétillait de vie. Je lui fis part de ma surprise à l’annonce de son âge alors que nous descendions les marches menant au quai direction Château de Vincennes. Elle se tenait précautionneusement à la rampe et continua à me raconter que, pour rester en forme, elle marchait beaucoup chaque jour, même si quelques douleurs apparaissaient parfois le matin, qu’elle ne prenait jamais de canne lorsqu’elle sortait et qu’elle utilisait couramment les transports en commun.
Je suis restée admirative devant tant d’énergie et j’aurais volontiers poursuivi la conversation pour la connaître un peu mieux tant elle dégageait de force et de sérénité, mais je n’ai pas osé et le métro qui arrivait nous a bientôt séparées.
En poursuivant mon chemin et longtemps après, j’ai pensé à cette dame solitaire et à nos quelques mots échangés et cette brève rencontre a éclairé ma soirée.