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Grains de sel
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Blog créé par l'Association pour l'autobiographie (APA) pour accueillir les contributions au jour le jour de vos vécus, de vos expériences et de vos découvertes culturelles.
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23 juin 2025

Celle qui n’avait pas sa place

Elizabeth LC.

 

J’avais grande envie de lire le récit d’Adèle Yon, Mon vrai nom est Élisabeth (éditions du Sous-sol, février 2025), pour un tas de raisons : j’en avais lu d’excellentes critiques, le sujet m’intéressait, et puis, même si c’est ridicule, la mention de mon prénom m’attirait… On connaît le sujet, sur lequel je ne m’étendrai pas : Adèle Yon apprend que son arrière-grand-mère, Élisabeth (que dans la famille on appelle invariablement Betsy) a été une malade mentale, atteinte de schizophrénie, et qu’elle a été internée pendant de longues années. Devant le mur de silence qui règne autour de cette personne qu’elle n’a pas directement connue, Adèle décide d’enquêter pour faire la lumière ; son livre est le récit de cette enquête.

J’avais un a priori très favorable envers ce livre. Je l’ai trouvé certes d’un grand intérêt, mais beaucoup de choses m’ont agacée et empêchée d’y adhérer complètement. La première est la confusion qui a régné dans mon esprit, durant toute la lecture, sur les relations familiales entre les divers personnages, dont très peu sont désignés par un prénom, mais la plupart par le lien de famille qu’ils avaient avec Betsy (la fille aînée, la cousine…) J’en suis arrivée, pour m’y retrouver, à prendre des notes et même à dessiner un arbre généalogique approximatif.

La seconde concerne l’aspect médical du « cas » de Betsy. Il est certes utile, pour comprendre la problématique exposée, de situer la lobotomie telle qu’elle a été pratiquée en France dans les années 1950, et la croyance en une origine organique de la maladie mentale, mais je trouve que l’abondance des détails techniques est rébarbative, et fallait-il vraiment citer (pp. 264 à 272) les dossiers de plusieurs autres femmes ayant subi cette intervention ?

Ayant dit tout cela, je me trouve injuste, car il y a quantité de points forts et bien développés dans le livre, à commencer par la manière dont Adèle Yon mène et raconte son enquête, sa persévérance, les murs auxquels elle se heurte, les discours qui ne font rien avancer, la mauvaise foi. On découvre comment Betsy a été « gérée » pour que sa maladie ne fasse pas de vagues, ne soit pas gênante ; les raisons pour lesquelles on lui a dénié toute autonomie ; le rôle de son mari. Il faut savoir qu’à la racine de la quête entreprise par Adèle, se trouvait sa crainte d’être atteinte elle aussi par une maladie mentale. Il y a des passages très puissants comme celui où Adèle évoque la colère de Betsy, qui devient la sienne propre. Bref, lisez ce livre et faites-vous votre opinion…

 

Commentaires
A
Je n’ai pas eu envie d’entrer dans le débat avant d'avoir lu l’ouvrage, mais les réticences que tu évoques, Elizabeth, ne m’ont pas arrêtée, du tout. À vrai dire, j’aurais moi aussi apprécié la présence d’un arbre généalogique au début ou à la fin du livre, car il s’agit d’une famille nombreuse, les générations se mêlent, et donc, c’est effectivement complexe. Mais, justement, maintenant que je l’ai lu, j’ai trouvé beaucoup plus facile de me repérer avec des périphrases ou des catégories simplifiées telles « Celui qui la regarde nue à travers les murs – Un petit-fils » ou « La fille cadette », plutôt qu’avec des prénoms qui se seraient tous emmêlés dans ma tête, de façon obscure. <br /> <br /> Quant au second bémol, toujours après lecture, j’ai franchement appris de façon précise ce qu’est une lobotomie grâce à ces pages. Je ne les trouve donc pas du tout superfétatoires. J’ai surtout beaucoup apprécié que ces « détails techniques » qui ont pu te gêner trouvent le plus souvent un contre-point extrêmement poétique quelques pages plus loin, y compris lorsqu’il est question de découpe de viande et de boucherie ! Sacré paradoxe ! Vraiment, pour moi, il n’y a rien à retirer à cet ouvrage… Il est capital. <br /> <br /> Oui, tu es sans doute un peu injuste en cherchant ce que tu pourrais bien lui reprocher, mais ton grain de sel a le mérite de pimenter, voire d'aiguiser notre curiosité. Comme tu le dis en fin d'intervention, "Bref, lisez ce livre et faites-vous votre opinion…", c'est exactement ce que j'ai envie de dire !
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A
Oh oui, LISEZ ce livre ! Je prépare un grain de sel complémentaire : je suis bouleversée par cette lecture ! C'est l'un de ces livres que l'on ne peut plus oublier... surtout quand on aime l'APA. Mais pas uniquement pour cette raison. À bientôt, donc, sur ce sujet. Merci Elizabeth de m'avoir poussée à l'explorer ! MERCI !
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W
merci pour cette recommandation
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A
Je vais suivre ton conseil, chère Elizabeth, je l'ai tout de suite demandé à la bibliothèque de notre village après la conversation démarrée à Ambérieu. Je te dirai, dès que je l'aurai reçu. (Mais cette opération peut parfois mettre plusieurs mois... Patience.)
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