Canalblog Tous les blogs Top blogs Littérature, BD & Poésie
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU
Grains de sel
Grains de sel
Grains de sel

Blog créé par l'Association pour l'autobiographie (APA) pour accueillir les contributions au jour le jour de vos vécus, de vos expériences et de vos découvertes culturelles.
Voir le profil de apagds sur le portail Canalblog

Newsletter
Commentaires récents
13 octobre 2025

Chroniq’hebdo | Du Salon, de Badinter, de Carrère et de Godard

Pierre Kobel

J’écris cette chronique, du moins je la commence, assis au stand de l’APA du Salon de la Revue. La fréquentation irrégulière durant les deux journées du week-end a permis cependant d’assez nombreux contacts et de mettre en valeur le numéro 100 de la Faute à Rousseau que nous avions avec nous et qui est en route pour nos boîtes aux lettres. Aucune vanité, mais de la fierté à décrire, c’est un beau bébé qui reflète bien ce qu’est la vie de l’association et de la revue. Notre vie associative prend beaucoup de notre temps, mais c’est là que nous pouvons mesurer la valeur de ce que nous lui accordons. Et puis qu’on me pardonne mon antienne, mais plus que jamais en cette période, les mots ont une importance de premier plan ! C’est quand le vide et l’insondable de la politique, la brutalité de plus en plus décomplexée des extrêmes conduise à une atmosphère de radicalité brutale que les mots prennent tout leur sens.

*

Dans le désordre dans lequel nous vivons jusqu’à croire que certains y trouvent un bénéfice, il reste encore des moments forts et réconfortants. Notre amie Nadpic évoquait une cérémonie commémorative de Robert Badinter, à laquelle s’est ajoutée celle de sa panthéonisation. Occasion de plusieurs documentaires qui sont venus rappeler l’ampleur de son travail, sa vision totale d’une justice à hauteur d’homme qui n’a pas seulement permis l’abolition de la peine de mort, mais des avancées dans bien d’autres domaines. Elles rappellent que l’action politique peut s’accomplir de manière aussi efficiente qu’humaniste et sans se laisser entraver par des ambitions méprisables. Badinter s’est pris des coups, parfois graves, on le constate quand des abrutis dégradent encore aujourd’hui sa sépulture, mais jamais il n’a cédé un pouce à ces agressions parce que son humilité ne l’empêchait pas de se tenir à ses convictions contre vents et marées. On voudrait que certains en prennent de la graine.

*

Je suis en train de lire Kolkhoze, le nouveau livre d’Emmanuel Carrère et j’y retrouve le plaisir de le lire. Il fait la le récit de ses parents, deux ans après leur disparition. Il le fait avec cette langue fluide qui donne le sentiment au lecteur qu’il s’adresse à lui, qu’il est proche, qu’il se confie en même temps qu’il développe de grandes pages d’histoire, qu’il nous plonge dans une mémoire qui allie le personnel et le collectif.

L’enquête de Carrère sur son histoire familiale rejoint nos centres d’intérêt au moment où le centième numéro de la Faute à Rousseau consacre un dossier aux archives familiales qui étaient la thématique des journées de mai dernier à Ambérieu. Il met en exergue ce qu’il y a de quête identitaire dans sa démarche, comment les histoires de famille peuvent être traversées de mensonges et de masques. Avec humour, il dit combien sa mère était experte en la matière. La transparence de sa démarche, la mise à nu de son parcours d’écriture n’empêchent en rien l’émotion qui se dégage de son récit et ne cachent rien de la profonde affection qui le liait à ses parents, puisqu’il rend là aussi un bel hommage à son père.

Il inscrit ce nouvel opus plus que jamais dans sa démarche d’autobiographie déjà engagée depuis plusieurs autres livres et il y ajoute une part de liberté, de vérité qui augmentent son statut de grand écrivain de notre temps.

Je voudrais avoir, ne serait-ce qu’une petite part de son talent, pour pouvoir raconter mes parents, ma famille. J’en suis loin.

*

Durant la semaine, j’ai vu le film de Richard Linklater, Nouvelle vague, qui m’a tout à fait réjoui. Tous les part pris du réalisateur quant à la forme du film, le choix et le jeu des acteurs contribuent à la réussite de ce magnifique hommage à Godard et à un film devenu culte. Il y a ainsi dans l’histoire du cinéma, et de la création en général, des réussites qui se manifestent de façon inattendue, mais pour lesquelles je ne crois pas au hasard. Ainsi, la démarche de Godard pour réaliser son film, préparation, tournage, montage, etc., tient plus à toute la connaissance et l’expérience accumulée antérieurement qu’à l’inopiné du moment. Cela me rappelle la phrase de Picasso qui disait que le succès, c’est 1 % de chance et 99 % de travail.


 

Commentaires
D
C'est bien de sortir de l'oubli médiatique Picasso. Mais n'est-il pas le plus grand peintre du 20è siècle ?
Répondre
Mode d'emploi

Adresser votre texte (saisi en word, sans mise en page, en PJ à votre mail) à l'adresse :

apagrainsdesel@yahoo.com

- Envoyez si possible une image (séparément du texte). Cliquez sur les images pour les ouvrir en grand
- Précisez sous quel nom d'auteur il doit être publié
- Merci de ne pas adresser de textes trop longs afin de laisser son dynamisme à la lecture. Des billets de 2000 à 4000 signes environ sont les plus adaptés à la lecture dans un blog.
L
es administrateurs du blog se réservent le droit de publier un texte trop long de façon fractionnée.


 

Archives