Je me souviens

Nadpic

Je me souviens. 

Parfois, un p’tit rien, une feuille qui tombe, une odeur de terre, les klaxons d’une noce dans l’après-midi et hop ! Les mots se tissent, s’entremêlent sans nous demander notre avis.

Je me souviens de la première caméra installée dans la rue et du tollé qui s’en est suivi.

À présent, impossible de les compter et on ne dit rien plus rien. Je n’aime pas ça. 

Je me souviens des parcs mètres qu’on quittait avant l’heure en offrant notre ticket à celui qui attendait la place, ravi.

À présent, plaque minéralogique à taper et voiture qui tourne avec caméra embarquée pour voir si on n’a pas fauté. 

J’aimais mieux avant.

Je me souviens du docteur qui venait coûte que coûte en voiture jusque chez nous malgré les kilomètres à parcourir dans la campagne reculée, parfois à la nuit tombée pour répondre à l’appel du matin.

À présent, rendez-vous parfois dans huit mois pour un spécialiste, à tel point que ma mère n’a pu être reçue comme prévu par sa dermatologue, car entre-temps… elle est partie en retraite !

Je me souviens qu’on mangeait des haricots du jardin, de la salade du jardin, des petits pois, framboises, cassis, pommes de terre, etc. 

Je n’ai pas souvenir qu’on mangeait, même de temps en temps, des boîtes de conserve. 

Je ne crois pas qu’on aurait mangé des plats préparés s’ils avaient existé. Ou ils existaient déjà ?

Je me souviens que ma mère cousait, nous cousait nos habits et que, souvent c’était chouette, pas toujours. 

Il n’y avait pas encore de boutiques qui vendaient des vêtements de Chine pas chères. Ça nous aurait peut-être tentées, mes sœurs et moi.

Je me souviens, alors que le mois d’octobre s’éclipse, que tu partais papa il y a 49 ans.

Est-ce que les 50 ans de la mort de quelqu’un, ça se fête ? 

Faut que je me renseigne !

Je me souviens que j’oublie des faits, des moments, des gens, des lectures.

Mais je n’oublie pas le bébé qui grossit encore à l’abri et que mon fils le tiendra bientôt dans ses bras. 

Comments

[Nadpic]

Merci pour tous ces doux commentaires.

[Mireille Podchlebnik]

Merci pour ce partage de souvenirs aux parfums de nostalgie!

[Christina Schwab]

Beaucoup de nostalgie dans ce texte, mais c'est sans doute la saison qui veut ça et les souvenirs de deuils, récents et anciens. Oui, on célèbre les 50, les 100, les 150 ans de la mort de personnages célèbres... et pourquoi pas tous les autres ? Pour moi, c'est ça la vie éternelle, le souvenir dans la mémoire des proches et des amis... et cette fin si jolie avec ce petit bourgeon qui pousse sur l'arbre généalogique...

[Anne-Marie Didier-Kleine dite Anne Didier]

J'ai aimé votre "Je me souviens". Je me souviens aussi de la boutade cet ami philosophe; notre génération est maintenant en droit de dire c'était mieux avant! Boutade car bien sûr cela est à la fois vrai et faux!

[Kata]

« Je me souviens des jours anciens et je pleure » Oui je ne vais pas jusqu’à pleurer mais c’est vrai que « c’était mieux avant » notamment dans la vie en société où on faisait plus attention les uns aux autres. Bienvenue au bébé qui fera peut être partie des constructeurs d’un monde meilleur.