Miel alors !

Kata

Introduction spéciale :

La situation politique ne doit pas nous faire oublier tous les bons moments que nous avons pu passer avant de ne plus avoir de gouvernement et j’espère qu’il y en aura beaucoup d’autres, quelles que soient les prochaines décisions présidentielles.

Aujourd’hui samedi. Il fait encore beau, le ciel est quasiment tout bleu. Le « quasiment » venu spontanément, m’interroge : jusqu’à quand le ciel restera-t-il sans nuages ? J’ai la réponse sur la météo de mon téléphone : il va pleuvoir dans deux heures.

« Que vais-je faire de tout ce temps » ? Je me mets à chantonner en compulsant le programme de la journée dans une revue locale. Petit cri : j’ai trouvé. J’avais tout de suite cherché ce qu’il se passe au Jardin de Ville, Jardin très central, arbres centenaires magnifiques, et puis, je ressens une certaine tendresse pour lui, c’est là que j’ai fait mes premiers pas, paraît-il… Il y a souvent des concerts sous le kiosque, des expositions, des ventes diverses et variées, comme le marché du livre ancien et d’occasion « Restez à la page »

Pas un instant à perdre avant la pluie, je me mets en route, enfin « en route » sur les trottoirs qui vont me mener directement au jardin, si j’arrive à éviter les multiples trottinettes, les piétons pressés et autres obstacles.

Pas de problèmes majeurs, j’y arrive. La revue n’a pas menti. Le soleil passe à travers les branches des grands arbres. On aperçoit des tentes blanches, beaucoup de monde tout autour et une rangée d’étals un peu à part. Je m’approche, d’abord des tentes. Une banderole accueille les visiteurs : « c’est fait ici, artisans d’art Isère ». Des potiers et potières de tout le département exposent leurs œuvres à la vente, depuis des petits bijoux mignons jusqu’à de gros (mais pas énormes) pots, qui peuvent servir pour la cuisine, la décoration, il y a des tasses, des verres, des bols, etc., tout ce qu’on peut imaginer comme utilitaire. Le soleil encore présent fait ressortir les couleurs des vernis. J’admire, moi qui suis incapable de créer quelque chose de mes dix doigts, à part, parfois, taper un texte sur un clavier d’ordinateur, mais ce n’est pas de l’art. Les visiteurs se pressent, depuis de jeunes inséparables de leur sac à dos, jusqu’à des papys mamys très au fait du travail des potiers, et aussi des enfants et des adultes invités à un atelier de dessin et moulage.

Mes yeux étant satisfaits de tout ce qu’ils ont pu admirer, je me dirige vers les étals.

Surprise ! Ils sont tenus par des producteurs et productrices de miel. Enfin, je m’entends, pas une véritable surprise puisque j’avais lu l’annonce de leur présence. Ils sont cinq derrière leur table où sont agréablement présentées leurs fabrications. Oui, ce sont les apiculteurs et apicultrices qui viennent discuter et vendre leurs pots aux nombreux amateurs et amatrices de vrai miel, fabriqué à partir du produit des ruches proches, dont les abeilles butinent les fleurs alentour.

« Miel de montagne » c’est ce qui me plait le plus, crémeux et gouteux. Et que vois-je ? Que lis-je ? « Rucher du Vercors Apiculteur récoltant – Malleval-en-Vercors – 38470 ». Le Vercors me poursuivrait donc depuis la semaine dernière ? Je stoppe devant et commence à discuter avec l’apiculteur. La conversation arrive comme je m’y attendais, sur la dernière guerre et la Résistance dans le Vercors. En fait, je connais Malleval, où chaque année a lieu une cérémonie en souvenir des Résistants tués par les troupes nazies en janvier et en juillet 1944. Mon père nous y amenait régulièrement en tant que président d’une association de Résistants. Cet apiculteur doit être de la famille d’un des Résistants tués. Je ne le lui ai pas demandé, mais il parle avec une sorte de passion retenue et insiste sur le fait que le maire a inauguré l’an dernier, pour les 80 ans de la fin de la guerre, un mémorial, qu’il faut absolument aller voir. Malleval est devenu Malleval-en-Vercors depuis 2002, preuve de sa volonté de s’inscrire dans la Résistance et la tragédie des massacres du Vercors dans les années de guerre. Je crois qu’on en parle dans le musée de la Résistance à Vassieux, qui regroupe tout ce qu’il s’est passé dans le Vercors de la Drôme et de l’Isère, depuis le regroupement des Partisans à partir de 1942 , quand la zone libre a été envahie, puis les massacres à l’arrivée des nazis en planeurs en 1943 jusqu’à leur départ en 1944.

J’achète un pot de miel crémeux et laisse la place à d’autres acheteurs/acheteuses et bavardeur.es potentiel.les.

Je regarde le pot et m’imagine déjà en déguster le contenu sur mes tartines du matin.

Intérieurement, je me félicite et me dépêche de rentrer avant la pluie, non sans avoir auparavant pris un pot (à boire) et avoir épilogué sur les vertus de la tarte Tatin avec mon fils, redevenu grenoblois depuis trois mois, et sa compagne.

Les Frelons et les Mouches à miel. Cette fable de La Fontaine me revient brusquement à l’esprit :

A l’œuvre on connaît l’artisan annonce le premier vers, tellement vrai qu’il est devenu un quasi-proverbe.

Une bonne définition et pour les potiers/potières et pour les apiculteurs/apicultrices.

A l’année prochaine, leur dis-je dans ma tête en m’éloignant.

Internet

• Wikipédia

Comments

[Christina Schwab]

Comment pouvez-vous dire que vous êtes incapable de créer avec vos dix doigts alors que vous me faites rêver (et sûrement que je ne suis pas la seule) en tapant sur votre clavier ???? Merci pour vos textes et vos partages souvent si poétiques et instructifs.