Un séjour à Chamarel et des perspectives pour la Maison de l’autobiographie
Bernard M.
Me voici de nouveau dans le train, au retour d’une expédition à Lyon puis à Ambérieu.
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J’allais à Lyon afin de réaliser un vieux projet. Je voulais interviewer au long cours un de mes vieux camarades de mes années militantes lyonnaises de l’après-mai 68 dans le but d’écrire ensuite son récit de vie. Jean est un type formidable, très brillant et d’une grande culture d’autodidacte mais qui a traîné toute sa vie le handicap d’une dyslexie majeure et partant d’une très grande difficulté d’expression écrite. Il est resté militant, toujours fidèle à ses valeurs démocratiques et autogestionnaires. Il n’a jamais décroché et a cherché à insuffler ces valeurs dans tous les combats auquel il a participé malgré les désillusions de l’après 68, dans le monde syndical et dans le monde associatif. Je l’avais revu au mois de juin lors d’une rencontre d’anciens dans un gîte ardéchois, rencontre que j’ai d’ailleurs évoquée sur ce blog : Un voyage mémoriel. Je lui avais alors proposé ce travail en commun et donc voilà qui est fait. Enfin, non, les interviews sont faites, environ six heures de parole engrangées sur mon petit enregistreur sonore qu’il me reste à transcrire et à partir duquel il me faudra écrire un récit agréable à lire : gros travail en perspective, ce sera un de mes gros chantier de l’hiver.
Parmi ses derniers engagements, il y a eu son implication majeure dans la conception, puis la réalisation d’un projet d’habitat coopératif à destination de personnes vieillissantes. Envisagé dès 2009, le projet a abouti à la construction d’un joli double immeuble de quatre étages à Vaux-en-Velin, Chamarel les Barges, dans lequel les coopérateurs ont pu s’installer en 2017. Cette rencontre avec Jean était donc aussi pour moi l’occasion de découvrir ce lieu de vie dont j’avais beaucoup entendu parler mais que je ne connaissais pas encore. Les appartements sont des deux pièces et des trois pièces grands et très lumineux. Les espaces sont conçus pour qu’on puisse se déplacer partout en fauteuil roulant et, petit détail qui m’a amusé, la porte palière comporte non pas un œil pour vérifier l’identité de qui se présente, mais deux, l’un à hauteur normale et l’autre à hauteur d’enfant ou de personne en fauteuil. Le rez-de-chaussée est entièrement dévolu à des espaces collectifs, une grande salle pour les réunions, les spectacles ou les expositions, un vaste atelier avec de nombreux outils, un espace de cave, un espace buanderie avec les machines à laver et à sécher. Un agréable jardin entoure le bâtiment avec des espaces fleuris, des tables, des arbres fruitiers et un potager. Chaque étage dispose en outre d’une chambre d’amis pour accueillir les visiteurs ou, le cas échéant, une infirmière si la santé d’un résident imposait une présence médicale permanente. Diverses commissions organisent la vie de l’ensemble (jardinage, communication, gestion administrative) mais c’est l’assemblée plénière qui est réunie pour trancher les points importants et notamment pour faire le choix des futurs résidents. Bref, un mode de fonctionnement totalement autogestionnaire qui s’inscrit parfaitement dans les valeurs de mon ami Jean.
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Après cet intense travail d’interview, je me suis arrêté une nuit chez mes amis lyonnais à Caluire et puis en route pour Ambérieu et pour l’APA. J’y allais dans un but très précis. Nous avions vendredi matin une rencontre importante avec le maire d’Ambérieu. Notre salariée sur place a en effet repéré un bâtiment appartenant à la ville, proche de la gare, non utilisé depuis pas mal d’années et qui pourrait convenir pour y implanter la Maison de l’autobiographie. C’est une ancienne usine fermée en 1986 et acquise par la ville dans les années 1990. Les trois quarts de la bâtisse ont été rénovés et la ville y a implanté des associations sportives, des activité musicales, le secours populaire, etc., mais le dernier quart en est vide et disponible. L’idée serait qu’il soit mis à la disposition de l’APA en contrepartie d’une rénovation par nos soins. Nous pourrions disposer d’environ 300 m2 pour bureaux et salles de réunions auxquels s’ajouteraient, dans un vaste sous-sol qui semble sain, de grands volumes permettant d’accueillir le fonds. Les choses ne sont pas faites, des difficultés pourraient encore surgir mais, la mairie comme nous-mêmes étant clairement favorable à ce projet, les chances qu’il aboutisse sont tout de même très sérieuses. À suivre donc… Le reste de la journée, j’ai travaillé au local actuel avec Marion, notre salariée directrice de l’association, sur la préparation du prochain Garde-mémoire. Enfin avait lieu ensuite à la Médiathèque une soirée autour de la restitution des ateliers d’écriture animés par l’ami Denis tout au long de l’année 2024-2025. C’est une très belle expérience intergénérationnelle et dont les participant(e)s ont donné des échos enthousiastes, la réunion s’est éternisée, les gens n’ayant pas envie de partir, continuant leurs échanges, envisageant de trouver les moyens de poursuivre leur travail commun.
Cette semaine a donc été des plus intenses. J’en sors content mais tout de même sacrément sur les rotules. J’ai hâte d’être rentré chez moi, de revenir à un rythme plus normal de monsieur vieillissant. Ces activités de commis voyageur de l’APA m’épuisent. Pour quelqu’un qui disait vouloir mettre la « pédale douce » à son engagement dans l’association, il y a encore des progrès à faire !
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Chamarel : voir la présentation du documentaire que FR3 a consacré à l’expérience. Malheureusement le documentaire lui-même ne semble plus disponible :
Pour ne jamais aller en maison de retraite, des seniors construisent leur coopérative d’habitants
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Article du Monde du 20 novembre 2019 :
« Nous vieillirons ensemble » : à Vaulx-en-Velin, une coopérative pour seniors
(mais je crains qu’il ne faille être abonné pour le lire).