Souvenirs de voyage en Guyane – Partie 2
Kata
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Après une bonne journée à bord du Morpho et une bonne nuit dans les bras de Morphée, la famille guyanaise a prévu une journée au village de Krikkoko. à Montsinéry, pas bien loin de Macouria, où nous sommes joyeusement tous logés chez mon fils guyanais. Celui-ci a retenu un carbet pour la journée. Qu’est-ce qu’un carbet ? C’est un abri maison en bois sur pilotis, d’origine amérindienne, construit au milieu de la nature. Il est tout ouvert, permettant néanmoins de se protéger du soleil et de la pluie, et d’installer un hamac pour y passer la nuit, si on veut y dormir.
Village Krikkoko est constitué de neuf carbets échelonnés sur les bords d’un ruisseau. Ils portent chacun le nom d’un mois ou d’un jour de la semaine, le nôtre, retenu, est le « mercredi ». Un barbecue au pied de l’escalier attend nos cuisiniers. En pleine semaine le seul carbet occupé est le nôtre, tranquillité assurée. À cet emplacement, nous retrouvons la végétation touffue guyanaise, les arbres, les herbes, les fleurs et l’eau. Nous passons une excellente journée dans le carbet, dans l’eau, dans l’herbe, à discuter, blaguer, rire, déguster les plats apportés par notre cuisinière préférée, et les grillades faites sur place. Nous avons des origines et des couleurs très diverses et nous sommes heureux d’être ensemble, petite communauté qui montre la possibilité du vivre ensemble.
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J’ai pu photographier un grand lézard, pas très sauvage, venu nous dire bonjour avant de se cacher sous le carbet. C’est vrai, j’y pense, nous avons vu très peu d’animaux lors de nos visites, pas d’oiseaux au-dessus des marais de Kaw, pas de caïmans, normal ils ne sortent pratiquement que la nuit, pas de singes, il aurait fallu aller en forêt, pas de papillons non plus, j’ai rapporté un papillon bleu en magnet. Nous avons vu une toute petite tortue accrochée à une branche. Je voulais aussi parler de petits oiseaux qui auraient comme une tendance à nous soûler de leurs criaillements. Ils évoluent dans le jardin de mon fils. Leur nom, quiquivi, rappelle étrangement leurs cris. En fait, j’ai l’impression qu’il y a un chef, qui, par ses quiquivi fréquents et sonores, fait obéir ses confrères et consœurs et peut même les engueuler. Ses congénères semblent l’écouter, même un certain tout penaud. On voit bien plus d’animaux à la saison des pluies, mais, au moins, il y a beaucoup moins de moustiques. Je ne reviens qu’avec deux ou trois points rouges, attrapés malgré le pschit spécial.
Le dernier jour est arrivé, nous sommes allés dans la ville de Cayenne, nous sommes passés par le grand marché, vu tous les arbres de la célèbre Place des Palmistes entourés d’un tissu rose. Ce n’était pas très joli, mais on m’a dit que c’était pour l’« octobre rose », alors… Petit tour dans les magasins et retour pour préparer les valises.
Lors d’un précédent voyage, j’avais vu les ruines du bagne, marché dans les sentiers d’une des Iles du Salut, où travaillaient les bagnards gardés par des surveillants pas toujours bienveillants, en face de l’île du Diable où se morfondait Dreyfus avant que Zola, son « J’accuse » et sa volonté de démontrer l’innocence du capitaine, n’arrive à le faire revenir en Métropole. Je ne m’étais pas sentie très bien lors de la visite, comme s’il régnait encore l’esprit de toutes ces personnes qui ont tant souffert et n’ai pas eu très envie d’y retourner. Peut-être suis-je trop sensible ? Cette année, petit séjour, grand moment par le mariage, visites diverses et souvenirs.
J’avais eu l’occasion de rencontrer à Seyssins, à côté de Grenoble, Christiane Taubira, Guyanaise, ancienne ministre, lors de la « Journée des mémoires et de la traite négrière, de l’esclavage et de leur abolition » place Victor Schœlcher en mai 2015. J’étais déjà bénévole dans une association d’aide aux migrants et me retrouvais bien dans ses paroles. J’approuve totalement le vote de la loi à l’Assemblée nationale pour la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité et ce qu’elle avait dit lors de sa présentation : Nous sommes là pour dire que la traite et l’esclavage furent et sont un crime contre l’humanité. Elle sait de quoi elle parle. Pas étonnant que je me sente à l’aise en Guyane, malgré le climat très éprouvant pour moi, la chaleur sèche lors de ce séjour ou très humide lors des séjours précédents, et où l’extrême droite a été très largement battue aux dernières élections législatives.
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Voilà. La petite escapade est terminée. Retour, huit heures d’avion la nuit, des perturbations tout le trajet. Puis enfin une éclaircie et le survol des maisons avant l’atterrissage à Orly. Bonjour la terre ferme parisienne, le TGV Ouigo jusqu’à Grenoble et mon lit où je m’étale pour récupérer des heures de décalage.
Reprise très rapidement des permanences en vue. Plein de messages m’attendent, des migrants dont les dossiers sont bloqués par les bugs de la plate forme informatique, par les lenteurs administratives de la préfecture, qui perdent donc leur droit au travail et tous leurs autres droits, CAF, Sécurité sociale, etc. J’espère que les bienfaits de ma petite virée guyanaise me permettront de résister au moins quelque temps.
À bientôt, sans doute.