Vacances d'un jour

Nadine P.

Regret, dictionnaire Larousse : contrariété, déplaisir causés par la non-réalisation d'un désir, d'un souhait.

La définition me semblait plus proche que le mot lui-même, je crois que je ne l’aurais pas employé. Trop fort.

Je ne sais pas trop dans quelle humeur je me trouvais ce matin quand j’ai commencé à écrire ce billet. Je ne me sentais pas le droit de me plaindre, je n’ai et n’avais aucune colère, pas assez d’énergie pour ça, mais j’ai senti fortement, physiquement et soudainement la perte, celle de pouvoir me dire, d’une minute à l’autre comme je le faisais tant : « Prends ton manteau, tes clés et… »

Va au musée et passe par la pâtisserie au retour.

Va au ciné, celui vers la gare propose des séances le matin.

Va boire un café sur les halles, prends ton carnet, de quoi remplir quelques pages avec les mots entendus.

Puisque l’anticipation est forcément de mise, j’ai voulu m’en servir il y a quelques jours. J’ai allumé mon ordinateur et je me suis promenée toute la soirée. Partir le temps d’un court week-end. Deux jours ailleurs, ça ferait tant de bien, même si l’herbe n’est pas plus verte qu’ici, il y a tant de nuances de vert, je pourrais aller vérifier. « Prends ton sac et tes clés et... »

Va à Auxerre, ça fait si longtemps que tu n’y es pas allée et c’est si beau.

Va à La Fabuloserie, le jardin à rouvert depuis peu. Tu aimes tant ce lieu, il est si fou.

Va à Lyon, il y a tant à découvrir encore et encore.

Va à la mer : Ah non ! Non, ça, tu peux pas ! Tu sais que pour un week-end tu ne peux pas (non, ne pleure pas).

Pas si lointaines ces destinations, pas si absurdes ces projets raisonnables, mais trop éloignés de chez moi désormais.

J’y ai repensé ce matin, forcément.

Je ne me suis pas résignée. Je trouverais l’air là où il est.

J’ai sorti ma valisette pleine de couleurs, pris les cartes « à colorier » prêtes à envoyer et je me suis installée sur le banc derrière chez moi car j’ai ça, un banc, un banc et un tout petit parc. Comment pourrais-je me plaindre ? J’ai tenté d’oublier mes listes de « je me souviens » et de « j’ai envie de » qui voulaient se faire entendre et j’ai laissé le froid sec, le soleil et mes coloriages envahir ma matinée.

Quelques envies ont cependant tapé à ma porte dès que je suis rentrée. D’accord, j’ai compris, je ne devais en aucun cas renoncer à partir ailleurs...

J’ai sorti ma vieille guimbarde et j’ai ajouté tardivement aux plaisirs du jour, une balade dans les bois à l’intérieur de mon « cercle » imposé.J

J’étais bien, oui, sans masque, comme j’étais bien !

Internet

• Wikipédia

• Kisskissbankbank | Sauvetage du manège de Petit Pierre – Musée de la Fabuloserie

Comments

[Fanfan]

Oh! le joli billet si juste - dans l'évocation du blues qui menace, des bouffées de nostalgie, du scrupule à se plaindre aussi (parce que tout de même nature, jardin etc !) et stimulant aussi ! je ne suis pas sûre de sortir des crayons de couleur dans l'air glacé mais de résister à l'envie de faire la sieste tout l'après-midi oui ! Merci !