Transcription (suite)
Bernard M.
Je me suis replongé hier assez longuement et avec pas mal de plaisir dans la transcription de mes anciens cahiers. J’avais commencé à décrire à nouveau l’opération avant de me souvenir que je l’avais déjà explicité plus haut sur ce blog. Et je m’aperçois que, contrairement à ce que j’écrivais alors, mon journal s’est poursuivi en 1968 et au-delà, même si je ne parle pas beaucoup des événements, trop occupé que j’étais à les vivre. En tout cas me voici rendu au huitième cahier, automne 1968, j’atteins la page 168 de ma dactylographie. Encore un effort. Il me reste un cahier à transcrire. Cela me prend du temps. J’y rajoute des notes, soit simplement explicatives, soit pour donner mon regard d’aujourd’hui. C’est cela qui est le plus long, d’autant que mon perfectionnisme, l’exigence de tenter de trouver le mot juste, me conduit à y passer beaucoup de temps, trop de temps…
Il est maintenant clair que si je poursuis ce travail, surtout si je prends la peine d’ajouter des commentaires, c’est bien pour en déposer le résultat à l’APA et pour qu’au final il existe, qu’il soit lu ne fut-ce que par quelques-uns. Jusque-là j’écrivais que je le déposerai « peut-être », « sans doute ». C’étaient des prudences de langage. Il est évident qu’il faut que je dépose, sinon ce travail n’a pas de sens.
Ce qui ne veut pas dire que ce sera tout à fait facile. Je m’y sens, par moments, si ridicule, j’y donne une image de moi qui, si souvent, me déplait. Mais s’agissant d’un texte écrit sans idée de le faire lire à quiconque, je ne peux en nier l’authenticité et la véracité et c’est cela qui en fait l’intérêt. Le vécu d’un adolescent ordinaire de ces années-là pourra s’inscrire comme un témoignage parmi d’autres dans cet immense récit collectif et ce vaste trésor d’humanité qui se constitue peu à peu sur les rayonnages de l’APA. Je choisirai peut-être de me mettre un peu en retrait derrière un pseudonyme (un pseudo ne garantit pas l’anonymat, mais il met à distance). Je ne crois pas en revanche que je reporterai l’autorisation de lecture en mettant un délai avant toute communication, car cela m’intéressera d’en lire l’écho de lecture et de voir comment le texte vit dans sa bulle apaïste.
Même si le confinement donne du temps, tout ça avance bien trop lentement à mon goût. C’est que ce travail vient tout de même en dernière roue du carrosse après d’autres qui s’imposent d’abord.
Ainsi il me faut gérer ce qui relève de la vie quotidienne de l’association, multiples mails, points d’organisation, tout cela peut être lourd, pesant, très chronophage en tout cas, mais c’est impératif. Ainsi avons-nous tenu mercredi une réunion en ligne du bureau de l’association et bien entendu il y a tout un tas de tâches afférentes, avant pour le préparer, après pour mettre en application ce qu’on y a décidé.
Viennent ensuite ceux de mes travaux qui relèvent de commandes, articles à écrire pour La Faute à Rousseau, échos à réaliser sur des textes récemment déposés à l’association. Tâches plus agréables, résultant plus d’un libre choix, donnant l’occasion de la réflexion, nourrissant la créativité nécessaire à l’élaboration des articles, permettant la découverte de textes ou d’expériences humaines nouvelles, qu’elles viennent de livres publiés ou des textes des déposants. Mais tâches soumises à calendrier, obligeant parfois à s’y coller alors qu’on voudrait s’occuper d’autres choses. Exemples pratiques : pour le prochain numéro de la revue il me reste deux articles à écrire, dont l’un sur un livre dont je n’ai encore pas lu une ligne ! Et un nouvel arrivage de textes à échoter m’est parvenu il y a quelques jours : il me faut contacter les autres lecteurs/lectrices toulousain(e)s, nous répartir les textes à distance avant de me mettre à la lecture et à l’écho de celui qui me sera échu.
Viennent après encore les textes relevant de mon expression libre, ceux qui viendront s’inscrire dans le blog, comme celui que j’écris en moment, ou ceux, moins nombreux et plus intime, que je garde par devers moi.
Et enfin donc, last but not least, cette transcription. Travail de longue haleine. Mais travail aussi qui nécessite de s’y installer sur un certain laps de temps, deux trois heures en continu, pour avoir le temps de rentrer dans la bulle. C’est pourquoi je ne m’y mets pas souvent et pourquoi j’ai été content hier de pouvoir m’y plonger. Car c’est tout de même, malgré mes doutes sur le sens de ce travail, celui qui me donne le plus de plaisir, celui dans lequel je me sens le plus en phase avec moi-même, éloigné des contingences immédiates et des obligations.
