Chronique berrichonne : fin de partie
Pierre Kobel
Tout a une fin. Cette fin de séjour, nous l’avons passée à Saint-Benoît-du-Sault. Petite cité médiévale de quelques centaines d’âmes, c’est une bourgade qui ne laisse pas l’œil indifférent lorsqu’on se promène au fil de ses rues étroites. Dans les années 90, elle avait attiré le grand photographe Willy Ronis qui y avait exercé son art avant de publier un album de ses photos du lieu.
Elle fait partie de ces endroits où l’histoire laisse ses marques gravées dans les pierres. Le commerce et les médias nous déclinent à l’envi « les plus beaux villages de France », « les plus beaux monuments de France » et chacun y va de sa région, de sa ville, de ses intérêts ou de son histoire personnelle pour tenter de valoriser un petit bout de terroir. On fait rappliquer des kyrielles de touristes qui passeront le temps de quelques photos souvenirs, d’un bon restaurant et d’une nuit dans le gîte local avant de poursuivre plus loin une aventure sans risques et sans épices.
Notre étape à Saint-Benoît n’était pas la première. Des affinités personnelles, une histoire familiale nous y ramènent presque chaque année. Si le Berry est une province de pleine nature qui ne cesse de se découvrir au gré des routes et des chemins, c’est aussi une terre de culture dont l’histoire est traversée par les occupations successives, les conquêtes guerrières, les puissances ecclésiales et monastiques ainsi que les inévitables querelles clochemerlesques entre petits seigneurs locaux qui bataillaient d’un château à l’autre d’une façon qui n’est pas sans me rappeler des épisodes du Monthy Python : Sacré Graal ! de Terry Gilliam et Terry Jones.
Aujourd’hui Saint-Benoît n’est plus qu’une grosse bourgade à la vie lente et dont le centre-ville a du mal à ne pas se désertifier de plus en plus. Quelques commerces subsistent vaille que vaille, la vie culturelle trouve des prolongements au gré de manifestations annuelles : expositions, concerts et de l’engagement convaincu de quelques-uns.
Durant trois jours, nous nous y sommes promenés. Notre gîte jouxte le beffroi de la ville et se dresse fièrement sur les murs et les toits qui forment un tableau de tuiles et de pierres. On devine les regards le temps d’un rideau soulevé, on croise les chats qui paressent sur les fenêtres, on laisse filer les heures sans rien mesurer. Notre hôte qui a la fibre artistique me demande d’inscrire quelque chose sur un pilier de briques de sa demeure qu’il veut habiller d’écritures et je le traduis ainsi.
Internet
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Wikipédia | Saint-Benoît-du-Sault
