Les fiches de paie racontent des histoires
Mireille Podchlebnik
Un ami du blog, qui se reconnaîtra et que je remercie, m’a récemment conseillé la lecture du dernier très beau livre de Robert Bober, Par instants, la vie n’est pas sûre.
De l’échange que l’auteur entretient avec son ami défunt Pierre Dumayet émergent les souvenirs de rencontres, voyages, lectures et, des histoires de vies, d’amitiés et de travail se retracent et s’entrecroisent.
Ce livre a fait écho avec mon histoire familiale dont j’ai déposé il y a quelques années à l’APA plusieurs « fragments » et que je prolonge aujourd’hui par ce récit.
Plus de 10 ans après la mort de ma mère, mon père nous quitta à son tour après une hospitalisation tourmentée à la fin du mois d’août 2005.
Il fallut alors vider l’appartement familial pour le mettre en vente et se défaire des meubles et objets que nous ne voulions ou ne pouvions garder. J’emportais chez moi des papiers et documents que j’étais dans un premier temps incapable de trier. Puis, peu à peu, au fil des années je jetais non sans mal et de façon assez aléatoire ceux qui me semblaient inutiles.
Parmi eux, j’ai conservé précieusement les bulletins de salaire de mes parents récupérés dans un meuble de leur cave. Placés dans des enveloppes classées par années, ces vieux papiers que d’autres auraient pu considérer comme sans intérêt revêtaient à mes yeux une grande importance. Je les avais réunis dans une boite en carton vert qui changeait de place dans la maison au fil de réaménagements successifs, sans savoir vraiment ce que je pourrais en faire.
Cette période de pandémie qui coïncide avec la « liquidation de ma carrière », drôle d’expression pour parler d’une fin d’activité professionnelle, m’incite à explorer plus avant ces archives et peut-être m’en séparer. Mes parents avaient eu, je m’en souviens, beaucoup de difficultés à rassembler le maximum de documents qui justifiaient de leur travail et faire valoir leurs droits à la retraite.
Sur plusieurs enveloppes la date marquée de mon écriture, me rappelle l’aide que je leur avais apportée dans ce fastidieux recensement, car, tout comme moi, mais pour des raisons bien différentes, leurs nombres d’employeurs et lieux d’activité ont souvent varié.
En faisant ce rangement, je peux retracer les évènements de leur vie et faire des recoupements avec leur histoire. Je découvre les métiers qu’ils exerçaient à leurs débuts dans les ateliers de couture : mécanicien, tableuse, finisseuse, presseur, ouvriers à domicile, etc. Ces ateliers se situaient le plus souvent dans les 3e, 9e, 10e et 11e arrondissements de Paris qui étaient après-guerre des quartiers de forte immigration. Les employeurs avaient pour noms : Gastin, Sukno, Werly, Beaurberg, Szerman, Gerstner.... et j’ai eu la surprise de trouver que mon père travailla en 1961 comme presseur à l’atelier chez un certain Bober qui avait pour prénom Charles.
Il y aurait encore beaucoup à écrire sur ce que racontent les fiches de paie, mais laissons un peu de temps passer....
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Wikipédia | Bulletin de salaire