Vacances
Bernard M.
Cela veut dire quoi « vacances » quand on est à la retraite depuis déjà lurette comme c’est mon cas ?
Ça se vit d’abord dans le déplacement. Car sinon, ici, chez moi, qu’est-ce qui marquerait cette entrée dans un temps différent ?
Quand on part, au contraire, je me débarrasse d’emblée des routines du quotidien ménager, des menus à prévoir et des courses alimentaires à effectuer, des repas à cuisiner. Je laisse aussi de côté tout ce qui est devenu mon « travail », les échanges quotidiens au sujet de l’APA, les textes que j’ai à échoter dans le cadre du groupe de lecture toulousain, les articles que je dois rédiger pour la prochaine Faute à Rousseau. Je n’écoute pas France-Inter le matin, ne lis pas mon Monde quotidien et n’aurais pas l’idée, même si toute chambre d’hôtel en dispose désormais, d’allumer la télévision le soir.
Nous avons passé une petite semaine plaisante sur la Côte Vermeille et cela nous a fait du bien de casser un peu nos routines.
J’avais pris mon ordinateur cependant et n’excluais pas quelques promenades sur internet ou quelques écritures dans le domaine personnel. De fait je n’ai pas ouvert l’ordinateur ! Pas d’envie de connexion, pas d’envie d’écriture… Vacances vraiment !
Rester sur la terrasse de l’hôtel à contempler la baie, la mer et le ciel, barboter dans la piscine, marcher le long du sentier côtier, suivre la crête au-dessus de Banyuls vers la tour Madeloc, s’attarder au restaurant dans le soir qui tombe à Banyuls, à Cerbère, arpenter Collioure, ses vieilles rues tranquilles, son bord de mer un peu trop envahi au contraire, déambuler dans le vaste château royal, peu fréquenté pour le coup, s’arrêter longuement dans une petite exposition au sein du château sur la Retirada, une exposition d’autant plus émouvante qu’elle paraissait assez peu professionnelle, des panneaux un peu de bric et de broc évoquant notamment le rôle du château comme lieu de détention des républicains espagnols, devenus indésirables à partir de 1939, avant leur transfert dans divers camps de la région. Le souvenir du poète Antonio Machado qui est venu y mourir y est aussi très présent.
Nous sommes rentrés en longeant la côte jusqu’au-delà de Leucate, lieux peu plaisants, images de la « France moche » : côte plate, urbanisation balnéaire intensive, espaces libres à faux air de Camargue, avec des corrals à tout va, des parcs aquatiques ou de loisirs disgracieux (et qui pour certains semblaient abandonnés : les promoteurs ont-ils vu trop grand ?) Nous passions ici, quand j’étais enfant puis adolescent et que nous allions sur la Costa Brava où mes grands-parents toulousains avaient fait construire une villa. De toutes premières constructions apparaissaient et je me souviens de mon grand-père disant : « ils sont fous, ça ne marchera jamais ici, sur cette côte il n’y a que du vent et des moustiques… »
Nous comptions nous baigner au passage, mais nous avons passé notre chemin. Après Carcassonne nous avons grimpé vers la Montagne Noire et nous nous sommes arrêtés au soir tombant au bord de « notre » lac de Saint-Ferréol, à deux pas de chez nous, baignade ô combien plaisante à la fraîche et face à la forêt.
Internet
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Wikipédia | La Côte Vermeille
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Wikipédia | La Tour Madeloc
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Wikipédia | Antonio Machado
De haut en bas : Banyuls depuis notre chambre d’hôtel ; les vignes accrochées au-dessus de la mer ; Collioure vu des remparts du Château royal
