Encyclopédie du savoir éclairé ou à propos du Nobel de littérature
Guillemette de Grissac
Et si, moi aussi, je m’exprimais sur le Nobel de littérature ?
D’abord dire mes préférences : mon chouchou, mon adulé, sachez-le bien, c’est JMG Le Clezio. En 2008, j’ai écrit à son propos, lui qui m’accompagne depuis très longtemps.
Et ma révélation : Ishiguro. Sans le Nobel, je ne le connaitrais peut-être pas. Or, il m’a donné à m’émouvoir, à questionner… et cela continue aujourd’hui. Je le tiens pour un écrivain exceptionnel, un sacré contemporain. Hélas, c’est en traduction que je le lis.
D’autres me plaisent : de certains j’ai presque tout lu, Garcia Marquez par exemple.
Et il y a ceux qui, même si je n’ai pas tout lu, m’ont ouvert des horizons nouveaux ; comme Orhan Pamuk et, avant lui Soljenitsyne ; JM Coetze que je connaissais déjà un peu, étant donné mon intérêt pour la littérature sud-africaine.
Il y a aussi ceux qui me sont tombés des yeux, comme Modiano. J’en demande pardon à ses supporters, Modiano m’est tombé des mains plus vite que Claude Simon. Mo Yan m’a semblé trop fatigant.
Il y a ceux que je n’ai pas eu le temps de lire parce qu’ils sont arrivés quand j’étais trop occupée. Par exemple, Toni Morrison.
Il y a ceux dont je n’ai pas lu une ligne. Comme Herta Muller.
Voici une proposition de classement qui porte sur plus ou moins les 20 dernières années. Mon classement s’inspire de la soi-disant encyclopédie chinoise de Borgès * Empire Céleste du Savoir Éclairé : Borgès, qui, notez-le bien, n’a jamais eu le Nobel de Littérature.
1— les nobel qui ont du succès auprès des médias
2— les nobel qui ont eu les plus gros tirages
3— les nobel qui tombent bien
4— les nobel qui ont fait flop
5— les nobel qui étonnent
6— les nobel que Guillemette n’a pas lus
7— les nobel qui font rouspéter
8— les nobel qui ont suscité des aigreurs
9— les nobel déjà oubliés
10— Les nobel qui changent la face du monde
11— les nobel qui plaisent à Guillemette.
Notez bien que ne suis pas professionnelle de la critique littéraire et personne ne m’a rien demandé.
Je dirais quand même que j’aime l’œuvre d’Annie Ernaux parce qu’elle parle de moi.
J’aimerais dire tout ce que cette auteure apporte depuis 40 ans à cette de forme de littérature, qu’on appelle parfois littérature de l’intime. Écriture de soi. Dire le désir, dire la honte, dire vrai de soi-même, dire juste. Pas tout casser pour faire du bruit. Sans exhibitionnisme. Une amie l’appelle « ma jumelle ».
Elle continue ce que d’autres ont fait avant elle : oublier les « effets » et les fioritures, abandonner les figures de narration et de style.
Camus avait lancé la débroussailleuse.
Merci de ne pas prendre au sérieux mon intervention, totalement illégitime et sauvage.
*Une nouvelle de Borges cite « une certaine encyclopédie chinoise » appelée « Empire Céleste du Savoir éclairé » où il est écrit que « les animaux se divisent en :
a) appartenant à l’Empereur,
b) embaumés,
c) apprivoisés,
d) cochons de lait,
e) sirènes,
f) fabuleux,
g) chiens en liberté,
h) inclus dans la présente classification,
i) qui s’agitent comme des fous,
j) innombrables,
k) dessinés avec un pinceau très fin en poils de chameau,
l) et cætera,
m) qui viennent de casser la cruche,
n) qui de loin semblent des mouches. »
Et pour finir, allez, si vous voulez, lire Rêver debout de Lydie Salvayre, c’est revigorant !
Internet
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Wikipédia | J.M.G. Le Clézio
-
Wikipédia | Jorge Luis Borges