Chroniq’hebdo | De la musique, de Françoise Ascal et Claude Roy, de l’APA
Pierre Kobel
Semaine mélangée qui commence par les obsèques d’une voisine très âgée. Une disparition qui m’éloigne un peu plus de la maison familiale et d’une grande partie de mon histoire familiale.
Semaine de musique aussi. Une première soirée pour un concert de Danzas Sinfonia, la formation du pianiste Jean-Marie Machado dont fait partie un de mes neveux. Une musique vivante qui trouve ses racines dans le jazz et se métisse à bien d’autres sources. Une musique que j’aime parce qu’elle est charnelle, chaude, pleine d’échanges, gorgée de soleil et de vie, en un mot généreuse. Je ne sais pas vivre sans musique, elle m’accompagne sans cesse et lorsqu’elle semble absente, c’est que j’ai besoin de celle du silence et des mots de mes livres.
Une deuxième soirée avec les chansons de Brassens interprété par Maxime Le Forestier. Brassens est mort depuis plus de quarante ans, Maxime a débuté sa carrière au début des années 70. Je l’écoutais en 1972 en révisant le bac français. Dans cette salle de banlieue, on dirait qu’il n’y a que des seniors pour apprécier les chansons de Georges alors qu’elles parlent à toutes les générations. Elles n’ont rien d’exotique ou de passéiste, elles vont à l’essentiel avec les habits de l’humour et de la provocation, disent une morale individuelle, mais humaniste et dénoncent toutes les atteintes aux libertés. Celle de penser, d’aimer, de rire, de jouir et de dire non. Soirée réjouissante ! Maxime Le Forestier est depuis toujours un excellent chanteur, ses trois musiciens étaient à la hauteur et il a su mêler des chansons connues et d’autres beaucoup moins tout en offrant toute la palette du registre de Brassens, de la chanson grivoise à la chanson pamphlet, de la mélodie d’amour au lyrisme poétique. Du grand art ! Celui de l’auteur et celui de son interprète, fidèle ami par-delà les années.
Semaine d’échanges par courriels avec des amis également. Et en premier lieu avec Françoise Ascal dont je relis en ce moment ses textes qui m’accompagnent. Françoise que j’ai retrouvée brièvement la semaine précédente lors de la remise du Grand Prix de poésie 2022 dont elle est la récipiendaire. Occasion de lui redire qu’elle est de mes auteurs de chevet avec Montaigne, Thierry Metz, Camus, Lambert Schlechter et mon cher Robert Desnos, ces plumes qui ne se figent pas à un genre, mais qui vont par monts et merveilles de l’existence, traversent parfois des vallées, voire des gouffres, mais donnent à vivre et on en a tant besoin. Je lui cite aussi Claude Roy dont elle me rappelle que c’est le 25e anniversaire de la disparition. Pas un mot dans les médias, pas un mot chez Gallimard à qui il a tant donné. Ingratitude des puissants qui ne vivent qu’à l’aune de ce que rapporte la littérature.
L ’écoute-silence
Pour Suzanne Flon
Écouter ce que dit le vent quand il ne dit plus rien
mais reprend souffle et se souvient
d’avoir été si haletant après sa course
sa coure de vent qui court après le vent
Que dit le vent quand il se tait ?
Que dit le silence du vent ?
Écouter ce que dit la pluie
quand un instant elle fait halte
et cesse l’espace de trois mesures
de tambouriner ses doigts d’eau
sur le toit et les carreaux
Que dit la pluie quand il se tait ?
Que dit le silence de la pluie ?
Écouter ce que dit la mésange nonette
quand elle suspend ses roucoulades
et que son chant dans le matin clair
reste en filigrane dans l’air
Que dit l’oiseau quand il se tait ?
Que dit le silence de la mésange ?
Le silence dit que le silence
écoute couler la source du chant
In À la lisière du temps — © Poésie/Gallimard, 1990
Une journée en fin de semaine avec mes amis de l’APA. D’abord une visite au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme où nous reçoit une libraire qui nous donne quelques pistes supplémentaires pour avancer un projet bibliographique. L’après-midi se tient la réunion mensuelle de notre groupe parisien. De nouveaux échanges autour des livres, toujours de l’amitié.
Bientôt le réveillon de Noël en famille. Sentiments mitigés à l’approche de cette période de fêtes pour laquelle je n’ai pas beaucoup de goûts. J’en éprouve toujours l’impression d’un temps qui s’enfuit trop vite, d’une accélération irrépressible de l’existence.
Internet
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Wikipédia | Claude Roy

