Chroniq’hebdo | Des photos, de la poésie et de l’APA
Pierre Kobel
Semaine de basses eaux. Peu d’écriture comme si les mots n’avaient rien d’intéressant à me dire. Occasion de se consacrer à d’autres activités : faire de la cuisine, regarder des films, faire du rangement dans l’appartement. Banalités nécessaires de l’existence.
Et puis j’ai aussi numérisé des diapos que j’avais rapportées de la campagne, il y a longtemps. Photos de famille qui datent des années 60 et réveillent la mémoire, provoquent de l’émotion lorsque je les envoie sur le WhatsApp familial. Visages proches et lointains, souvenirs de lieux, d’événements, les photos comme les objets respirent. Ce ne sont pas seulement des images plates et figées, il s’en dégage plus qu’elles ne montrent. Je le ressens aussi lorsque je reçois en même temps que les textes qu’elles accompagnent des clichés anciens des grands-parents évoqués dans les billets de Grains de sel. C’est toute une existence qui transparaît souvent dans le regard de ces anciens comme si ces images venues d’il y a longtemps, laissaient infuser le temps qu’ils ont vécu au-delà de leur mort.
La mort. La mort dont j’entends parler à la télé à travers des témoignages. La mort que je lis dans des poèmes. La mort de ces milliers de personnes enfouies sous les décombres de leurs maisons en Turquie et en Syrie. La mort qui doit faire partie de la vie et pourtant…
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Soirée de poésie dans une librairie parisienne. Mes amis des éditions Bruno Doucey publient le premier recueil de la jeune Sofía Karámpoli Farhat. Elle est gréco-libanaise, est venue en France il y a dix ans et écrit directement en français alors que ce n’est pas sa langue maternelle. Son écriture me touche, me parle. Elle me rassure aussi quand je mesure ce qu’une jeune personne est capable d’exprimer face aux troubles du monde.
Je suis née sous les bombes
je mourrai sous les mots
qu’il pleuve sur moi des torrents infinis
je me redresserai
mouillerai mes cheveux
et danserai encore
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Beaucoup de travail pour l’APA. Préparer les réunions à venir, réfléchir à la présentation de la table ronde qui se tiendra en mars, penser déjà aux journées de Lyon en mai prochain et aux ateliers à animer. Il y a quelque chose d’émulateur à devoir sortir des habitudes pour partager, penser l’existence, le vécu, donner un sens au quotidien.
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