Anniversaire
Bernard M.
Voilà, on m’a souhaité mon anniversaire. C’était plutôt sympa, notamment grâce à la présence de mon fils, de sa femme et de mes petits-enfants, ce qui nous sort de nos routines de vie tranquille dans notre petite ville provinciale. Mais bon… Me voici entré dans ma soixante-quinzième année ! Trois quarts de siècle ! J’ai du mal à le croire. Par certains côtés je me sens encore petit garçon, comme si je n’avais jamais été vraiment adulte, comme si j’avais sauté cette étape, un petit garçon qui ne s’en est pas aperçu, mais qui est devenu (presque) un petit vieux. Comme tout est passé vite. Comme le temps semble se contracter à mesure qu’il avance. Rien de bien original là-dedans, c’est manifestement une expérience tout ce qu’il y a de plus commune…
Je me sens globalement en bonne forme, mais ces derniers temps pourtant divers signes de vieillissement se sont manifestés. J’ai l’impression que le bonhomme commence à se déliter de partout. Rien de bien grave apparemment, mais des suivis, des rendez-vous avec des spécialistes sont nécessaires, certains devant déboucher sur des interventions, notamment pour l’hallus valgus de mon pied droit, présent depuis longtemps, mais qui s’est fortement accentué depuis un an et commence à me gêner lors de marches exigeantes. En outre la chute que j’ai faite en trébuchant en sortant d’une voiture à la fin de notre séjour en Bretagne me laisse certaines séquelles, une difficulté à dresser verticalement mon bras droit, ce qui m’occasionne deux séances de kiné par semaine dont je me passerai bien !
Bon il faut vivre avec ces inconvénients, ne pas s’en formaliser outre mesure, se dire que c’est la vie tout simplement. Mais il n’empêche, ces divers rendez-vous et interventions à venir obèrent notre calendrier, rendent difficiles, par exemple, la programmation de voyages randos que l’on souhaite accomplir depuis longtemps et tant, justement, qu’il est encore temps…
Dimanche matin nos jeunes sont partis pour rentrer à Paris. Cela fait un vide, mais on est contents de retrouver notre calme après l’agitation. Les deux petits sont hypermignons, très complices, très câlins et très joyeux. Mais de temps en temps, entre le grand gars et sa petite sœur qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, à l’occasion de situations de concurrence, il y a des étincelles et ça peut partir en vrille sur des colères qui peuvent être violentes ou sur de grosses bouderies. Heureusement cela ne dure jamais très longtemps. Mais c’est fatigant pour les adultes qui tentent de faire retomber la mayonnaise ou de trouver des dérivatifs. Là aussi il me semble que ma tolérance ou ma patience face à ces situations s’émousse et je vois là encore un signe du vieillissement…
Au cours de ce séjour aussi un joli souvenir à garder sur nos tablettes mentales, un moment partagé : tous ensemble à la fenêtre, côté jardin, face à une belle lune qui pendant un moment s’est en partie éclipsée…
