Sexualité à l'école
Élisabeth Gillet-Perrot
Pour Grains de sel, je fouille dans ma mémoire d’institutrice en école élémentaire : dans une bonne école du 7e arrondissement de Paris, une de mes collègues de CM2 était de retour après avoir mis au monde (je trouve cette expression très jolie) un enfant. Elle raconte donc à ses élèves âgés de 10 ou 11 ans, qu’elle a accouché dans l’eau selon la méthode du Dr Leboyer.
Que croyez-vous que les élèves en ont conclu (peut-être après avoir ri ensemble dans la cour de récréation) ? Que la maîtresse a fait l’amour dans la baignoire !!! Et certains parents de s’en offusquer. Il s’ensuivit donc une explication dans le bureau de mme la Directrice.
Beaucoup plus tard dans ma carrière ; j’étais alors directrice d’une école maternelle dans le 14e arrondissement de Paris.
Une maman vient me voir pour me rapporter que son fils (4 ou 5 ans,) avait vu d’autres garçons se sucer le zizi sous le toboggan. Comme l’un de ces garçons était connu de tous et toutes pour son comportement violent, je rassure la maman en lui disant que je vais faire le nécessaire pour éclaircir la situation et j’appelle la psychologue scolaire.
J’ai assisté à l’entretien qu’elle a eu avec ces deux petits garçons non responsables de l’éducation ou du manque d’éducation qu’ils recevaient… en bref « c’est une affaire d’adultes, pas d’enfants ».
J’étais très admirative de ce ton très calme et non culpabilisant. Et une de fois encore, 25 ans plus tard, je voudrais qu’on cesse de dire qu’il est facile de parler d’éducation sexuelle ou religieuse à l’école, à quelque âge qu’aient les élèves.
En remontant le temps de mon histoire d’adolescente, je voudrais évoquer cette période difficile.
Nous campions en famille (un père, une mère et leurs 4 filles) un été, après avoir fait du camping sauvage à St Florent au nord de la Corse. Nous sommes alors tombés en panne d’essence dans le désert des Agriates. Bien que ma mère, plutôt moderne pour son époque (elle aurait eu 100 ans en 2023) ait eu le permis de conduire, elle prenait rarement le volant ! Donc, comment aller plus loin que dans le camping au bout de la route, une fois le réservoir un peu rempli grâce au siphonnage d’un véhicule compatissant ?
Nous nous retrouvons au bout d’une jolie route dans un camping naturiste et d’un commun accord y restons, « même pas peur ! » Et voilà comment, dans les années qui ont suivi, nous avons campé en famille dans l’Hérault où la plage naturiste côtoyait celle des « textiles »… que de bons souvenirs pour nous tous.