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Grains de sel
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Blog créé par l'Association pour l'autobiographie (APA) pour accueillir les contributions au jour le jour de vos vécus, de vos expériences et de vos découvertes culturelles.
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16 novembre 2023

Expier la faute, l’histoire d’une vie

Nadine P.

logo_sexualite      Le tableau illustrant l’appel à écrits autour de la sexualité m’a interpellée. Au-delà de la tentation, j’y ai surtout vu le fruit défendu, la désobéissance, la faute qui entraîne la punition. L’éducation, l’instruction religieuse même relative, la représentation homme/femme pour évidence, que de poids à soulever dans ma jeunesse. Une vie pour briser l’interdit avec de nombreux chemins sinueux à parcourir pour pouvoir déguster la pomme à deux, parfois des erreurs de parcours entre souhaits et réalité.

Sexe et sexualité ? Imbriqués dans leur définition, il me vient l’envie de poser ces deux mots côte à côte afin de voir comment ils résonnent.

Dans ce qu’on m’apprend jeunette, la sexualité est faite de beaucoup de silence. Ma mère se plaignant que sa propre mère ne lui avait strictement rien dit ni appris, elle a tenté de faire mieux. Sauf que dans les années 60/70, la chape de plomb des interdits, le manque de savoir sur le thème et la transmission à ses filles sans qu’elles deviennent des dévergondées, il y avait fort à faire. Ma mère est toujours restée avec les hommes dans une option séduction, même avec son kiné actuel du haut de ses 90 ans, elle est à tout jamais bloquée sur un désir qu’elle n’a jamais pu exprimer. Mon éducation remplie de ce paradoxe en a été empreinte. Sa devise pourrait être encore actuellement « Il faut toujours se méfier des hommes, mais comme ce serait bon d’être plus près. » Je fais court.

Pour aider à l’information, un cours d’éducation sexuelle avait été donné dans le village, je devais avoir 12 ou 13 ans, ou plus ? Il m’apportera quelques réponses, mais surtout des envies d’en savoir plus. Aux dires de ma sœur interrogée pour écrire ce billet, il s’agissait plus de cours d’anatomie, rien ou très peu sur la technique. Qui les avait mis en place et qui était la femme qui animait la rencontre, mystère ? N’ayant pas de frère à observer, j’étais déjà bien contente d’en savoir plus sur nos différences.

 

20231116gds-mots_npic_expier_la_faute_histoire_dune_vie       Pour ce qui est du sexe, ce n’est pas le silence qui l’entoure, c’est pire. Années 70 dans une campagne très isolée, cette réalité de la jeunesse compte vraiment dans le manque d’ouverture sur ce monde caché, tabou. Souvent dans la génération de mes parents, le partenaire unique emplissait une vie, tant pis pour les cris ou l’ennui. Le sexe est donc dans l’éducation qu’on m’a transmise, presque interdit dans le couple reconnu comme tel. Je parle du sexe libéré, affranchi. Le Kamasutra bourguignon dans la chambre familiale n’est donc pas à l’ordre du jour ! Là encore il faudra briser des chaînes lourdes et surtout ne pas croire que l’on faute, car elle revient la faute originelle que la première femme a provoquée. Oser gestes et scènes croustillantes avec le père de ses enfants, n’est-ce pas trop ?

Pourtant, encore plus interdit, le droit « d’aller voir ailleurs ». Comment avancer avec ces principes et, se faire plaisir ?

J’ai bien fait de mettre ces deux mots côte à côte, ils parlent.

Qu’avais-je le droit de faire ? Avant d’être « rangée », ce mot remonte tout à coup, pendant, après ? Et surtout, de quoi avais-je envie ?

Le sexe était inséparable des sentiments. Non pas que je sois tombée amoureuse de tous mes partenaires, mais dans ma représentation, il y avait un peu de ça. C’est peut-être l’excuse que je trouvais pour franchir le pas. J’ai souvent confondu l’étincelle ou le désir, avec l’amour et l’envie de bras tendres et de tendres moments. Je sais à présent que mon passé de conteuse a un lien direct avec le prince charmant et l’image d’un amour-passion, torride que je croyais durable. Bonne blague ! Je sais à présent pourquoi ma vie amoureuse a été jalonnée de rencontres et de fuites. Dans la longueur de temps les princes rencontrés ont eu tendance à s’essouffler, la sexualité à se mettre en pause et moi à m’ennuyer dès la passion retombée. Croire naïvement et le plus longtemps possible que le désir, le sexe et la passion amoureuse forment un tout, amants, maris, pas cinquante non plus, c’est l’histoire d’une vie. Il n’y a que les blessures, les fortes, les violentes qui stoppent l’imaginaire.

On se retrouve en mode hérisson et on se cache sous un plaid avec du chocolat pour regarder les films de Noël. Rires, les revoilà les princes charmants, ils sont cependant moins beaux que ceux que j’ai croisés.

 

Je suis à l’hôpital, « Service Mémoire » quand j’écris une ébauche de ce billet sur mon téléphone portable quand…

Un vieil homme arrive dans la salle d’attente où je me trouve. Il s’adresse à l’homme qui, comme moi, attend son tour. « Les femmes la journée, elles croisent les jambes (ce que je fais dans l’instant), mais la nuit elles les écartent ! »

« C’est pas vrai ? » me demande-t-il en me regardant pour la première fois.

Je lui réponds « Oh ! c’est d’une finesse. » Mes yeux noirs en disent plus, son âge me limite à ça.

L’homme en retrait est heureux de pouvoir être de mon côté dans un acquiescement très discret.

Le « balourd » ajoute « Ben c’est normal, on fait pas des gosses avec de la salive ». Gros gros soupir de ma part. Je lui demanderais bien ce qu’il en est de sa sexualité, avant, pendant et après un mariage que j’imagine, mais je renonce, car j’ai bien envie de le taper, il y a des jours comme ça, son âge me limite à écrire seulement les quelques mots de la scène aussitôt.

 

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