Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Grains de sel
Grains de sel
Grains de sel

Blog créé par l'Association pour l'autobiographie (APA) pour accueillir les contributions au jour le jour de vos vécus, de vos expériences et de vos découvertes culturelles.
Voir le profil de apagds sur le portail Canalblog

Newsletter
Commentaires récents
8 mai 2024

Écrire mes maisons

NadPic

 

Décrire, écrire, crier, s’écrier, toutes ces lettres qui se mêlent pour des lieux à oublier ou à chérir, souvenirs variés.

J’ai mis beaucoup de temps à m’approcher de mes maisons et dans un premier texte rappelant les premières, je suis restée beaucoup à l’extérieur de peur de franchir des portes. Après, par envie et crainte, choisir laquelle peut être poussée sans angoisse, ou cette autre sans tristesse n’est pas simple.

Phrasie dans son texte « L’intranquille » évoque « les allumettes empilées », un souvenir surgit, elle m’aide à faire ce pas vers une des maisons qui ont compté pour moi. Merci à elle !

C’est une période où je vivais dans un petit appartement d’une pièce cependant assez grande. Je travaillais en tant qu’ASH (Agent des Services Hospitaliers) dans un centre spécialisé pour cancéreux. Un travail prenant, fort en émotions, emploi difficile ô combien, mais que j’adorais, contrat à durée déterminée que j’aurais bien voulu prolonger. Un an et demi plus tard, je me suis retrouvée à travailler comme archiviste dans un bureau d’assurance, pas très passionnant. C’est là, sans doute pour mettre un peu de vie dans la mienne que j’ai décidé d’aller vivre à la campagne, y retourner serait plus juste.

J’ai donc un jour repéré sur une carte une liste de villages où puiser pour ne pas trop m’éloigner de la ville où je travaillais, le télétravail étant encore inconnu, et j’ai sorti le bottin pour contacter les mairies. Rapidement, j’ai découvert ce que serait ma maison en fond d’impasse dans ce bourg de cent habitants.

Entourée de barrière peinte en bleu turquoise, elle dénotait au milieu des granges et bâtisses d’agriculteurs. Le propriétaire, un homme de la ville, n’y avait sûrement pas songé.

Phrasie m’a aidée à évoquer ce lieu parmi d’autres, car dès les premiers pas à l’intérieur on ne voyait que ça : deux gros étais figés entre plafond et sol pour le maintenir. Le parquet était bombé, pas seulement soulevé légèrement, non, non. Un énorme bourrelet, freiné tant que possible par les barres d’acier là en permanence afin d’empêcher le sol de se déformer plus, c’était mon nouveau décor. Moi, ça ne m’a pas freinée. Le salon donnait surtout sur une grosse cheminée où le soir, le feu me disait pourquoi j’étais là.

La chambre était à l’étage, un rajout sans finesse au milieu du grenier, où je compris vite que suivant la saison, je devrais partager mon chez-moi avec un loir, très bruyant quand il faisait ses provisions de l’autre côté de la cloison fine.

La cuisine carrelée de jaune pâle à la mode passée depuis longtemps était modeste, mais donnait en montant trois ou quatre marches, sur un jardinet ce qui donnait une impression d’espace supplémentaire et de lumière. 

Pour accéder à la salle de bains, quelques marches également et des faïences bleues partout. Pas encore « vintage », ça le deviendra !

Durant cette époque refuge de campagne et de quiétude, j’ai connu celui qui deviendrait mon mari, celui qui eut la même surprise que moi arrivant dans nos vies rapidement, notre premier enfant.

C’est là aussi en 1984 qu’un orage a ravagé les terres alentour, grêle meurtrière sur les routes et affolante sur place. Le jardin était à l’image des barrières bleues : propret, bétonné dans les petites allées et bordures de ciment pour délimiter le tout. Quand les pluies diluviennes se sont précipitées sur les coteaux, l’eau n’a pas trouvé de refuge dans le sol. Elle s’est donc engouffrée dans la cuisine en contrebas et nous avons eu bien du mal à la contenir dans cette pièce, écopant tour à tour.

Le bébé, qui prenait son bain au moment où les grêlons brisèrent les vitres, avait été mis à l’abri à l’étage.

Nuit longue et difficile pour nous, lui n’en a rien su, belle image après la bataille de ce poupon avec pouce dans la bouche et sourire apaisé dans son lit. Dire qu’il aura quarante ans le mois prochain !

Quelques mois plus tard, P. étant muté dans un autre secteur, je l’ai suivi. J’ai fermé avec regret ma maison dont je n’ai jamais été propriétaire, mes sentiments pour elle remplaçant un acte notarié.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
P
Il m'est agréable de voir que mes empilements d'allumettes trouvent un écho chez toi. Des liens invisibles nous lient et nous découvrons de temps en temps d'émouvantes correspondances qui ouvrent une porte secrète. Merci pour ton clin d'œil.
Répondre
Mode d'emploi

Adresser votre texte (saisi en word, sans mise en page, en PJ à votre mail) à l'adresse :

apagrainsdesel@yahoo.com

- Envoyez si possible une image (séparément du texte). Cliquez sur les images pour les ouvrir en grand
- Précisez sous quel nom d'auteur il doit être publié
- Merci de ne pas adresser de textes trop longs afin de laisser son dynamisme à la lecture. Des billets de 2000 à 4000 signes environ sont les plus adaptés à la lecture dans un blog.
L
es administrateurs du blog se réservent le droit de publier un texte trop long de façon fractionnée.


 

Publicité
Archives
Publicité