Le temps bégaye
Bernard M.
Plus d’un billet récent, des poèmes souvent, ont évoqué dans ce blog le temps qui passe, le temps qui fuit…
Certes il ne sert à rien de s’en lamenter, c’est ainsi…
Mais on peut constater le vécu que nous en avons, la façon dont celui-ci évolue, ce que nous partageons ou ce que nous ressentons différemment.
C’est bien connu, plus on avance en âge, plus le temps semble s’accélérer. J’avais entendu dire cela il y a bien longtemps et maintenant j’en suis à le constater.
Et il y a un paradoxe : alors que le temps semble s’accélérer, il me semble que dans l’immédiat, alors que l’on attend le printemps avec une certaine impatience, il tarde à venir. Chaque matin, je regarde le jardin ou, en promenade, les sommités des arbres : ils restent nus, à peine quelques petits signes avant-coureurs ici ou là. L’hiver s’éternise. L’hiver si l’on peut dire, car à aucun moment il n’a ressemblé vraiment à l’hiver. Depuis quand n’a-t-on pas eu de neige ici en plaine et même sur les premières pentes proches de la Montagne noire ? (Mais ça va vite : en allant aujourd’hui à Toulouse chercher nos petits diables que nous allons garder quelques jours pendant que leurs parents font du tourisme dans la région nous avons vu que les mimosas étaient en fleurs.)
Et j’ai l’impression que la pandémie a mis aussi, si j’ose dire, son grain de sel dans l’affaire. Il parait peu croyable, et pourtant il en est bien ainsi, que nous soyons installés dans la crise sanitaire depuis deux pleines années. 2020 et 2021 me paraissent comme une sorte de magma indifférencié, comme une superposition qui aurait accouché d’une année unique, l’année 20-21 (étrange d’ailleurs comme les chiffres se calent entre eux pour former 2021). Est-ce parce que divers événements annulés dans l’une étaient censés se retrouver dans l’autre, ce qui a parfois été le cas, mais pas toujours ? Ainsi nos Journées de l’autobiographie 2020 sur le thème des voyages. Annulées. Programmées pour 2021. Annulées encore. Exit les voyages. 2021 bégaye 2020. C’est la première fois que je ressens cet effet de superposition et c’est très étrange.
En cherchant une image pour ce billet, j’ai repensé à la célèbre horloge du collège Corpus Christi de Cambridge et me suis alors souvenu de l’avoir cherché pour un précédent billet. Du coup je me demande si je ne viens pas d’écrire une sorte de doublon et si je ne redonde pas, ce qui aussi pourrait être signe de sénilité en marche. J’ai été chercher dans les profondeurs du blog en posant simplement le mot « temps » dans le petit cartouche de recherche sur la page d’accueil et le blog m’a tout de suite ramené un billet, « le temps qui passe », « il y a 144 jours ». Immédiateté des processus automatisés de recherche sur le blog ! Un peu magique quand on y pense et que l’on se remet dans les conditions qui étaient les nôtres pour « chercher » autrefois. Très pratique bien sûr. Vertigineux aussi. Et perturbant aussi au fond, c’est une autre façon par laquelle le temps nous tient en tenaille.
Tout cela dit avec une certaine dose d’humour, un petit sourire en coin, en essayant de porter un regard doucement amusé, gentiment tendre, sur notre indépassable condition humaine.
Et pour image, tiens, je vous remets la même.
Le temps bégaye, vous dis-je.
Mais il passe !