Du vagabondage métropolitain
Pierre Kobel
Ce matin, je ralliais le centre de Paris pour une de mes séances hebdomadaires de cinéma et j’observais combien les nouvelles rames de la ligne 14 savent nous guider à force d’écrans, sur les quais, dans les wagons, pour nous indiquer les horaires, les stations à venir, notre placement dans le train, la situation des sorties et les correspondances afférentes. Tous renseignements que l’informatisation des réseaux de transports met à disposition du voyageur pour lui permettre de circuler efficacement et sans hésitation. C’est la première pensée qui me vient quand je m’en tiens à mon goût pour la technologie moderne et au souci de ne pas perdre de temps dans un métro, certes moderne, mais qui reste anonyme et passager.
Et puis il me vient à l’esprit que j’écris cela sur un carnet avec un stylo avant de saisir mon texte à l’ordinateur. Quel rapport me direz-vous ? Le rapport c’est cette perspective malheureuse que ces outils pratiques et confortables de la technologie ne fassent que nous asservir et nous fassent perdre le sens du vagabondage. Vagabondage du corps qui se promène et prend le temps de l’erreur, des allées et venues. Vagabondage de l’esprit qui se perd, qui flâne, fait des digressions et conserve finalement sa personnalité.
Qui sommes-nous lorsque, robots déshumanisés rivés à nos smartphones, nous déambulons tels des spectres impersonnels ? J’ai depuis longtemps le projet de parcourir une à une et de bout en bout, l’ensemble des lignes de la RATP et du RER. Non pas le nez sur un écran, mais muni de carnets, crayons, aquarelles et autre appareil photo. J’irai à la rencontre des lieux, de nouveaux visages, à la surprise et à la découverte, sur les traces de l’histoire.
Si j’apprécie plus le confort du métro contemporain que celui des Sprague de mon enfance aux dures banquettes en bois, je n’en attends pas pour autant qu’il fasse de moi un pion anonyme et soumis à sa marche mécanique, à sa gestion de masse. C’est aux détails, aux visages, aux regards, aux sons et aux odeurs, aux anecdotes, à l’humour qu’il faut s’attacher.
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