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Grains de sel
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Blog créé par l'Association pour l'autobiographie (APA) pour accueillir les contributions au jour le jour de vos vécus, de vos expériences et de vos découvertes culturelles.
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6 mai 2024

Chroniq’hebdo | De Joann Sfar, des maisons, de Laurent Gaudé et de Johnny Hallyday

Pierre Kobel

 

J’ai mis longtemps à m’habituer à son dessin. Aujourd’hui Joann Sfar est un de mes auteurs préférés de BD. L’univers de ce garçon, si éloigné soit-il du mien, m’enrichit, m’interroge et me donne à espérer. Lui et quelques autres de ses proches, je pense à Delphine Horvilleur, sont heurtés de plein fouet par les événements du 7 octobre dernier en Israël. Tant l’agression du Hamas que la réplique brutale d’Israël coupent l’herbe sous le pied à tous ceux qui prônent le dialogue et la paix jusqu’à l’utopie.

Mais je retrouve Joann Sfar dans un hors-série du Monde consacré particulièrement au Chat du rabbin, entre autre lorsqu’il dit :

« […] je dis qu’un juif doit partager sa culture... Je ne demande pas du tout que l’on se dilue dans la tradition des uns et des autres. Je rêve au contraire que l’on s’additionne, que chacun soit le gardien de la mémoire de l’autre et que nos angoisses morbides, finalement très individuelles, soient dépassées par la joie d’une promesse collective. De même qu’il y a une utopie dans les institutions françaises, il y a une très belle utopie dans l’idée de l’histoire de l’art, dans l’idée que des professeurs, des lecteurs, des artistes, vont perpétuer un discours qui nous éloigne du néant. D’une certaine façon, c’est comme si une petite chanson continuait. Et moi, ça me plaît beaucoup de perpétuer une petite chanson. »

Je le retrouve et combien je suis d’accord avec lui. De page en page ici, de semaine en semaine dans mes chroniques, j’essaie d’affirmer le pouvoir des mots et cela jusque dans la poésie :

Je n’ai que les mots
Excusez-moi
De les mettre
en travers de la porte

*

J’ai travaillé à mettre en ligne des textes dans Grains de sel. J’en reçois beaucoup plus que d’habitude et particulièrement pour la collecte Souvenirs de maisons. J’y pensais ce matin alors que nous visitions la maison de Balzac, rue Raynouard, où je n’étais pas retourné depuis une quinzaine d’années.

En parcourant les pièces de ce lieu toujours empreint de la littérature de celui qui l’a portée dans ces murs, en photographiant un buste, quelques objets, j’essayais de percevoir ce qu’il subsistait de cette vie passée sous la froideur muséale.

Beaucoup de textes de la collecte sont des textes de mémoire. Souvenirs pour évoquer des lieux du passé, de l’enfance regrettée. Parfois j’aimerais que soient plus évoqués les lieux de vie actuels.

*

Durant une nuit d’insomnie, j’ai lu Terrasses, le dernier livre de Laurent Gaudé. Un roman qui me laisse très partagé. Gaudé y fait, à sa façon, le récit du 13 novembre 2015. Il alterne dans un puzzle reconstitué les voix à la première personne. Celles des victimes des terrasses, du Bataclan, des policiers, des pompiers, des médecins, des familles. Une très belle écriture chargée de lyrisme comme toujours avec Gaudé, mais c’est ce lyrisme qui m’empêche d’adhérer complètement au récit. Si le rappel des événements m’a fait monter les larmes aux yeux, je ne peux m’empêcher cependant de penser que l’écrin pour les évoquer est trop beau. Trop de volonté de conduire à l’émotion, un peu comme si l’événement sert la littérature au lieu de l’inverse. Ce n’est certainement pas l’intention de l’auteur, mais je le lis ainsi.

*

À l’heure de terminer cette chronique, nous revenons de visiter l’exposition Johnny Hallyday. J’ai de nombreux souvenirs de lui. Je l’ai vu deux fois sur scène, en 1969 et en 1977. Mais le premier de ces souvenirs, ce sont ma sœur et nos amies R. et Ch, durant l’été 1969, hurlant chaque soir Que je t’aime avec le chanteur sur la place du petit village de nos vacances au fond des Gorges du Tarn, à l’heure où il était programmé, en tête du hit-parade. Déferlement d’images, de sons, de témoignages lors de sa mort en décembre 2017. Émotion compréhensible et celle qui me toucha le plus ce fut celle des hommes et des femmes de ma génération qui arboraient un look qui lui ressemblait, qui refusaient de vieillir et qui pleuraient comme des enfants perdus.

L’exposition coûte cher, mais elle en donne pour son argent. Un contenu très riche tant en objets qu’en images et vidéos, une scénographie agréable et un accompagnement audio très bien mené avec la voix chaude de Jean Reno en meneur de jeu. Avec Johnny c’est aussi une part de patrimoine collectif qui est célébré et un destin hors-normes.


 

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