Le dernier voyage
Elizabeth LC.
Avant de lire La Voyageuse de nuit de Laure Adler, j’ai laissé le livre séjourner quelque temps dans ma PAL. Je craignais peut-être que la lecture en soit trop austère et j’avais toujours un roman à lire d’abord… Mais il n’en est rien. C’est un livre court et fort, son message est essentiel.
On connaît son propos : la place de la vieillesse dans notre vie, l’ostracisme dont fait preuve notre société à l’égard des personnes âgées. Et particulièrement ce qui se passe pour les femmes âgées (double peine). Contrairement à ce qu’ont dit des articles de presse, ce n’est pas un livre sur l’art de bien vieillir. C’est une réflexion sur la métamorphose insidieuse que la vieillesse opère en nous tous. À vrai dire, je n’aurais pas cru que Laure Adler pût déjà appartenir à la classe des septuagénaires, c’est pourtant le cas. Elle ne fait pas son âge, on peut dire (voilà une expression qu’elle relève et critique).
C’est à nous de tirer les conclusions et d’agir en conséquence. Pourquoi la population des « seniors », déjà si nombreuse (et je ne parle pas des très très âgés et dépendants), se laisse-t-elle faire ainsi ? Ses droits sont grignotés jour après jour, son rôle est indûment minimisé. Je songe à des hypothèses dont je reparlerai peut-être un jour ici, mais ceci est une autre histoire.
Si j’avais une réserve sur le livre de Laure Adler, qu’elle me pardonne, c’est que je le trouve un peu fouillis. Plusieurs thèmes traités (comme la sexualité) reviennent sans raison à plusieurs reprises. Mais finalement, ce n’est pas un si gros défaut. Cela donne au livre l’aspect d’une libre réflexion sur le sujet, comme dans une conversation entre amis.
Le titre vient de Chateaubriand dans La Vie de Rancé : « La vieillesse est une voyageuse de nuit : la terre lui est cachée, elle ne découvre plus que le ciel. »
Internet
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Wikipédia | Laure Adler
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Grasset | La voyageuse de nuit