Méditons sur nos écoles et la mienne…
Françoise P.
Je ne serai pas longue puisque j’ai déjà beaucoup écrit dans Perles de glace et de sang, ma première autobiographie, à propos de mes années traumatisantes passées à l’école primaire des filles de mon village. Et comme ON nous ressasse sans arrêt qu’il n’est pas bon pour la santé de revenir sur les réminiscences d’antan, je ne reviendrai donc que sur des images marquantes. J’aimais aller à l’école pour échapper à l’enfer de la maison et en sortir. La petite fille en photo, très studieuse, est tombée un jour dans un puits de la cour de récréation. Peu profond. Heureusement ! La tôle rouillée qui le bouchait a laissé une cicatrice sur un de mes genoux blessés. Cour de récréation, où des camarades de classe prenaient un malin plaisir à me faire sauter au-dessus d’un élastique. Elles pouffaient de rire et je ne compris pourquoi que plus tard. Ma petite culotte était trouée (nous étions pauvres) et laissait entrevoir mon sexe. Alors, elles m’incitaient à sauter encore et encore plus haut. Que de honte pour moi ! Que de tristesse !
Arrivée en CM2, la cruelle maîtresse, extrêmement sévère, m’a tant tiré sur les oreilles que je croyais qu’elles allaient se décoller. Les dictées étaient une angoissante horreur. Mademoiselle Bricout se tenait derrière moi, articulant un mot, attendant la faute… et vlan ! La puissante gifle sur ma tête envoyait mon nez se cogner contre le cahier du jour ! J’aurais préféré les punitions dans un coin plutôt que de me retrouver la tête enflée par les coups. Cette tigresse m’a fait redoubler le CM2. J’avais deux enfers : l’école et la maison. Dans les deux cas, j’ai beaucoup travaillé : les devoirs et participer aux travaux de la ferme. Vacances, jeux : deux mots qu’on n’osait prononcer. Puis, mon entrée en sixième à l’internat du lycée fut un soulagement, un vrai bonheur… J’avoue : à l’école, j’ai appris beaucoup de choses. J’avais « une tête bien pleine », certes. Bien faite ? Qui peut répondre ou juger ? Grâce à nos écoles, je suis devenue… professeur de biologie et géologie. Pas une tigresse, mais une prof amie de mes élèves. En guise de devoirs, nous partions en excursion dans la nature à Madagascar…
Mais pour moi, la plus belle, la plus Grande des Écoles, c’est celle de la Vie ! Après avoir enseigné dans les lycées de la grande Île, je suis entrée à l’école de la retraite, du bénévolat. Je n’ai pas fait la « Rue Blanche », mais suis montée sur les planches pour jouer au théâtre. J’ai appris à maîtriser le trac du comédien et, quand le rideau tombe, à quitter mes personnages. J’ai appris le journalisme en animant des émissions radio en partenariat avec RFI. Ces « Écoles » ont révélé que j’avais des talents insoupçonnés et surtout, ont élargi mes connaissances et mes relations dans des domaines variés comme les sciences et la littérature. Je suis aussi entrée à l’école des voyages… puis à l’école du partage par l’écriture. Mes erreurs, mes réussites, mes cauchemars, mes découvertes, mes sentiments et mes émotions m’ont forgé au cours du temps à travers les relations avec mon mari, mes enfants, les ami(e)s et les groupes sociaux… Au quotidien, l’A.P.A. est une ÉCOLE communautaire où tout un chacun se remet en question, apprend à progresser toujours et à s’adapter au mieux en harmonie dans le monde actuel.