Chroniq’hebdo | De la fatigue, de Grains de sel, de l’actualité et d’Alexeï Navalny
Pierre Kobel
Parfois j’écris et je sais que je ne fais que du remplissage, que je doute des mots que j’inscris sur le papier. La semaine dernière, j’ai eu du mal à boucler ma chroniq’hebdo. Période de basses eaux comme j’aime à le dire, quand la santé vacille, quand la fatigue pèse trop lourdement sur les jours. Période passagère et somme toute très banale qui ne m’empêche pas de poursuivre mes chantiers.
Retour à ce que j’écrivais en 1979. Beaucoup moins de pages qu’aujourd’hui et beaucoup d’illusions quant à l’avenir. Mais déjà le sentiment d’être très velléitaire.
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La collecte Souvenirs de maisons se poursuit avec grand succès, plus que je ne m’y attendais. C’est presque un texte par jour, parfois deux. Il me faut rédiger un texte pour la Faute à Rousseau afin de faire le bilan de la précédente collecte : Écrire la sexualité. Aucune comparaison entre les deux thématiques, mais je ne peux que mesurer l’écart entre le succès de la première quand la précédente fut plus confidentielle, empreinte de réserves et de tabous. À mes considérations s’ajoute l’actualité qui dit clairement combien le sujet de la sexualité est toujours mal abordé, mal éduqué et reste délicat.
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Actualité. Les États-Unis débloquent une aide de soixante milliards de dollars pour l’Ukraine. Certains se demandent s’il n’est pas trop tard face aux forces russes qui grignotent les territoires et ne reculent que pour mieux avancer. Alors que l’actualité met l’accent sur le Moyen-Orient où les tensions entre Israël et ses adversaires sont exacerbées, a-t-on le droit d’oublier l’Ukraine ? Le faire, c’est abolir la défense de nos propres démocraties et de nos libertés. Le faire, c’est prendre le risque de ne plus pouvoir dire, écrire ce qu’on veut.
Ma seule arme, ce sont les mots et si je ne les ai plus, que reste-t-il ? Et à quoi bon revenir sans cesse à ce monde tourmenté si je suis impuissant ? Colère et révolte inutiles ! Vanité humaine. Et pourtant, oui, les mots. S’ils ne font pas avancer les choses, ils ne peuvent faire plus de mal que les actions guerrières des dictateurs.
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Tandis que j’écris, je regarde en replay sur mon ordinateur, un documentaire consacré à Alexeï Navalny. C’est le récit de ce qui s’est passé entre le 20 août 2020 lorsque l’opposant à Poutine fut victime d’une tentative d’empoisonnement jusqu’à son retour à Moscou en février 2021. Le film se termine sur le rappel de sa mort en prison sécuritaire le 16 février de cette année.
Terrifiant ! Autant les personnes de Navalny et de sa femme sont émouvantes et attachantes, autant la machine politico-policière russe est terrifiante. On sait ce qu’il en est de ces régimes qui règnent par la peur et ne peuvent pour survivre qu’aller dans la surenchère absolutiste puisqu’eux-mêmes sont victimes de la peur qu’ils ont de toute pensée ou parole qui les remet en cause.
À voir ce documentaire, je finis d’être convaincu, si tant est que j’en aie besoin, que Poutine est un monstre et je me demande comment un tel personnage peut aujourd’hui exister et rester au pouvoir. Tous nos progrès ne servent à rien et sa présence rabaisse notre humanité.
Internet
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Wikipédia | Alexeï Navalny
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France 5 | Navalny