Annie

Catherine Bierling

Une soirée de la fin des années 80. Je commençais ma carrière incertaine d’enseignante dans un Institut Français. Elle est venue présenter son dernier livre. À l’époque, le directeur généreux invitait ses profs aux agapes d’après conférence. Ainsi me suis-je retrouvée sur un sofa aux côtés d’Annie.

 Tout intimidée, comme l’étaient certaines de mes collègues. Mais l’apéro et le dîner ont fini par délier nos langues qui dans la salle de conférence butaient sur notre manque de confiance quant à notre légitimité à poser des questions.

 Je lui ai demandé : mais que pense votre mère de ce que vous avez dévoilé ? Sur vos origines, votre famille ? Elle m’a répondu qu’elle préparait aussi un livre sur sa mère, que celle-ci était merveilleuse et qu’il n’y avait pas de soucis.

 C’était un peu comme si elle m’avait confortée dans mon envie d’écrire, comme si elle m’en avait donné la permission.

 Ma mémoire garde la silhouette d’Annie, assise sur son sofa. Depuis, je n’ai jamais cessé de suivre cette route qu’elle traçait avec tant d’énergie et qui m’a menée, plus tard, vers l’APA…

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• Gallimard | Annie Ernaux

• Éditions du Mauconduit