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Grains de sel
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Blog créé par l'Association pour l'autobiographie (APA) pour accueillir les contributions au jour le jour de vos vécus, de vos expériences et de vos découvertes culturelles.
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10 octobre 2022

Chroniq’hebdo | De Thierry Metz, Annie Ernaux, de l’APA, des femmes en Iran

 

Pierre Kobel

En classant et découpant des Télérama de 2017, je trouve cet encart Rimes riches qui cite Thierry Metz.

L’homme en pente
La maladresse de dire je
de savoir si…
Une fois pour toutes, le défi est d’en arracher
la première page, de la mêler au livre, quelque
part dans le hasard.
Chaque fois il faut extraire les mots de là où
ils sont. Puis les mettre en langue.
Et peut-être alors, quelquefois…

 bib-annie_ernauxMaladresse, fragilité et puis les mots pour se redresser, espérer. Construire une mémoire ? Est-ce un but ? Est-ce utile ? Quelle part d’ego ? Et pour qui ? Autant de questions qui me viennent à me relire, à regarder des photos de ces derniers mois. Parfois je suis le premier à m’interroger sans trouver de réponses.

Les mots qui n’ont pas suffi à sauver Thierry, mais qui nous rassemblent à l’APA pour dire la vie à partir de la mémoire, du récit. J’y pensais l’autre jour en me réjouissant comme un fan adolescent du prix Nobel d’Annie Ernaux. En sus du bonheur éprouvé par tous ceux qui aiment son œuvre, qui attendent la parution de chacun de ses livres, il y a ce petit plaisir du lien qu’elle a avec l’association, de ce qu’elle nous a déjà accordé, du bien qu’elle pense de notre travail. La récompense qui lui est offerte, la reconnaissance dont elle bénéficie avec ce prix, cela donne chaud au cœur et nous encourage à poursuivre nos engagements.

Le week-end prochain, nous serons présents au Salon de la revue à Paris pour dire qui nous sommes, présenter la Faute à Rousseau et le livre des 30 ans où Annie Ernaux s’est associée à nous en nous y accordant un entretien. J’aime ces heures de retrouvailles, d’échanges et d’amitié par lesquels l’individuel sait se fondre dans un collectif chaleureux et constructif.

Ce collectif, il est vivant quand nos amis adressent presque chaque jour des contributions au blog, prouvant par là que le silence de l’été n’était que le prélude à une nouvelle moisson de textes. Nous avons franchi allègrement la barre des 500 billets.

*

Annie Ernaux a particulièrement écrit la condition des femmes. L’actualité nous raconte au quotidien le mouvement populaire qui secoue l’Iran depuis la mi-septembre. Elles ont commencé après la mort dans les locaux de la police de Masha Amini, une jeune femme arrêtée au prétexte de quelques mèches de cheveux qui dépassaient de son voile.

Manifestations incessantes qui font descendre la jeunesse dans la rue malgré la répression meurtrière et les discours des gouvernants qui dénoncent une ingérence étrangère. Mais une grande part de la population soutient ce mouvement et des voix dirigeantes commencent à se faire discordantes. Les femmes enlèvent leur voile et se coupent publiquement les cheveux et si les arrestations se multiplient, si on en est à plus de cent morts, la colère ne faiblit pas pour dire l’obsolescence d’un pouvoir qui ne respecte pas le peuple et ne mesure rien de ses aspirations. En premier lieu, celles des femmes qu’on traite là comme des êtres inférieurs, ce qui est dans bien des endroits du monde encore trop souvent le cas. Je me réjouis de voir en Iran des hommes se joindre à elles pour réclamer des droits et des libertés identiques pour tous.

Dans Télérama de nouveau je lis ces propos de la romancière Chahdortt Djavann :

« L’idéologie conçue par les fanatiques islamistes est fondée sur la haine du féminin, ce qui implique l’infériorité congénitale, psychologique, physique, sexuelle, juridique, sociale de la femme. Réduite à son corps, indispensable à la reproduction et source de désir sexuel, la femme devient un objet tabou, à la fois convoité et honni. En Iran, les femmes peuvent conduire, aller à l’université, devenir médecin, mais elles restent sous tutelle masculine toute leur vie. Elles sont déshumanisées, considérées comme des biens appartenant aux hommes. Le voile dans l’idéologie islamique est l’instrument de cette répression, le symbole de l’infériorité de la moitié de la population à qui les droits les plus élémentaires sont retirés. »

Voilà un exemple supplémentaire de ce à quoi conduit la collusion entre la religion et le pouvoir. Il n’y a pas loin de la théorisation de l’infériorité des esclaves pour justifier le commerce qu’on en faisait, de l’industrialisation de l’extermination établie par les nazis à cette chosification de la femme qu’imposent les religieux en Iran, en Afghanistan et ailleurs au nom d’interprétations abusives des textes et d’un machisme avide et abruti.

Dans les murs de la peur
Elle rit de ses bourreaux
Ils ont des ombres et des bâtons
Ils puent la haine
Leur front est bas
Leur pouvoir est aveugle
Ils ont des mots sales
Ils ferment les portes de l’esprit
La nuit de leur présence est vaine
Leurs discours sonnent le glas

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