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Grains de sel
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Blog créé par l'Association pour l'autobiographie (APA) pour accueillir les contributions au jour le jour de vos vécus, de vos expériences et de vos découvertes culturelles.
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25 avril 2023

Philippe Van Overbecke, Journaux, APA 4119.00

 Madeleine R.

20230425gds_apa_mrebaudieres_Philippe_Van_Overbecke_Journaux_far_deposants38 grands cahiers manuscrits, numérotés de 53 à 91, écrits de 1981 à 2021, tous du même format 110 x 170 mm (cahiers Clairefontaine)

 Le cahier 92 était en cours d’écriture lorsque Ph. Van Overbecke est décédé en début d’année 2022, il n’a pas pu l’envoyer à l’APA comme il en avait l’intention.

 Dans le dépôt effectué, il y a une feuille A4 : « Raisons d’un journal aussi didactique » où il explique l’objet de ce journal qu’il tient fidèlement comme un témoignage. Il a supprimé les cahiers antérieurs au n° 53, car trop « brouillons »… et un cahier a été perdu.

 Chaque cahier commence par ce psaume :

 « Seigneur,
J’aime ta sagesse,
J’ai foi en ton amour,
J’espère en ta puissance. »

 Certains des cahiers, notamment le 69 qui relate un voyage à Venise en mai 1999, contiennent de très belles et très nombreuses photos de peintures de la Renaissance italienne… et de monuments visités. Ce sont des photos prises avec un Leica et développées au format carte postale (il nous avait dit en avoir sa cave pleine, lorsque, ma fille et moi, nous sommes allées chez lui pour prendre livraison de ses trois gros cartons de Journaux au tout début de l’année 2022). Il y a aussi énormément de photos de cinéma (découpées dans la presse).

 C’est un journal de ses lectures, nombreuses et variées, qu’il commente abondamment, de ses rencontres, de ses découvertes et de ses réflexions sur le monde, sur la vie… comme « un blog » qu’il aurait tenu pendant toutes ces années. Cela constitue aujourd’hui un beau témoignage sur les années 1981 à 2021.

 Le cahier 69 contient en date du 23 mars 2000 un Projet de conférence pour son école, sur « le Livre ». Ph. Van Overbecke était professeur d’art graphique au Lycée technologique du Livre et des arts graphiques Maximilien Vox, 5 rue Madame, Paris 6e, où lui-même avait fait ses études. C’est probablement son discours de fin de carrière.

 Il se dit spécialiste d’« impression, finition, économie et gestion, formation continue, technologie générale, consultant — partenariat, conseiller pédagogique, cinéphile, bibliophile, photographe amateur, Machintoshien averti, collectionneur. »

 Son Projet de conférence s’intitule : « De l’humanisme dans la technique du livre » :

 « C’est objectivement se référer aux imprimeurs humanistes du seizième siècle pour lesquels la clarté et la diffusion de la réflexion critique importaient avant tout, mais dans une forme qu’ils inventent au fur et à mesure, sans préjugés sur ce qu’est leur public. »

 « Chercher me paraît donc là un acte philosophique par excellence, avec lequel je voudrais que l’on se réconcilie en le voyant commun, plus usuel, plus inventif et non pas réservé à des castes de futurs élèves de l’ENA ou autres élites.

 La technique cherche à la fois l’éducation au geste efficace et juste, du fait de connaissances qui sont tant théoriques que fonctionnelles. On suppose là que l’esprit est un simple instrument de réflexion, alors que je voudrais insister ici sur l’aspect complet et complexe de la présence au monde qu’il implique, de l’engagement total de la personnalité qu’il doit créer et maintenir pour que l’utilisateur de l’imprimé perçoive bien une nécessité.

 La technique me paraît commencer par l’amour des livres, ou de cet objet particulier, qui ne semble pas être a priori dans la nature : l’imprimé. Qu’est-ce en fait que l’imprimé sinon une forme de mémoire, un différé ou, au contraire, un présent devancé ? Apparemment artificiel, il faudra bien constater qu’il est lié à tout le reste d’abord par le papier issu de la nature, mais aussi par le poids humain qui le signifie en de multiples lieux depuis les scribes byzantins jusqu’aux dépliants de votre supermarché local.

 Pourquoi puis-je vouloir vous dire tout cela ? D’abord parce que j’y ai longuement pensé, petit à petit, lorsque j’étais élève en ces murs il y a une quarantaine d’années, et aussi parce que mes émois d’enfant ont été liés au papier : ma “madeleine” ce sont les catalogues sur papier couché, luxueusement appelé “glacé” par les clients de célèbres bijoutiers de la place Vendôme pour lesquels mon grand-père travaillait.

 J’aime tout ce qui est imprimé à la passion : toujours quelque chose m’y attire, m’y retient. Et l’antériorité, si je puis dire de l’imprimé, l’écriture m’est aussi essentielle : le pur mystère de rassembler les mots sur un support, que la main et le cerveau les organisent conjointement me donne un sentiment profond d’existence : “j’écris donc je suis” pourrais-je dire !!

 Qui s’occupe des mots et des images à restituer sur le papier ne peut éviter de s’interroger sur eux, sur leur rapport à la réalité, et donc de philosopher.

 Bien des compositeurs et imprimeurs avant nous se sont commis dans l’écriture, les réflexions, voire la sagesse, et leur autodidactisme persévérant me semblent le sel de ces métiers divers dont la technique extrême risque bien de nous dessécher si nous n’y prenons garde. »

 Je relis une citation d’André Suarès (en 1920) :

 Il est possible que le livre soit le dernier refuge de l’homme libre.

 Si l’homme tourne décidément à l’automate, s’il lui arrive de ne plus penser que selon les images toutes faites d’un écran, ce termite finira par ne plus lire.

 Toutes sortes de machines y suppléeront : il se laissera manier l’esprit par un système de visions parlantes. La couleur, le rythme, le relief, mille moyens de remplacer l’effort et l’attention morte, de combler le vide ou la paresse de la recherche et de l’imagination particulières ; tout y sera, moins l’esprit.

 Et je regrette de ne pas pouvoir me replonger depuis chez moi dans la lecture des Journaux de Philippe Van Overbecke, déposés aux archives de l’APA sous le n° 4119.00.

 À quand la numérisation du fonds de l’APA et de ses trésors ?

20230425gds_apa_mrebaudieres_Philippe_Van_Overbecke_Journaux_mrebaud

 

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Commentaires
A
« À quand la numérisation du fonds de l’APA et de ses trésors ? »<br /> <br /> Je partage le souci que pose votre question, et j’espère que la réponse sera positive prochainement.<br /> <br /> Lorsque j’ai pris ma retraite, il y a plus de 10 ans, j’ai découvert, avec surprise, que ma thèse, datée de 1979, était déjà numérisée par l’université P.M. Curie (Paris 6); ce qui a fait plaisir à mes enfants, et à moi-même, évidemment.
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E
Chère Madeleine,<br /> <br /> C'est passionnant de découvrir ce nouveau dépôt à l'APA !<br /> <br /> Pour ce qui est de la numérisation, patience... C'est un énorme dossier, complexe et coûteux. Mais nous avons commencé à y travailler et avons bon espoir d'aboutir.
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