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Grains de sel
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Blog créé par l'Association pour l'autobiographie (APA) pour accueillir les contributions au jour le jour de vos vécus, de vos expériences et de vos découvertes culturelles.
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24 avril 2023

Chroniq’hebdo | Du Père-Lachaise, de la fraternité, de Janis Joplin, de Franz Fanon et de la Caboulotte

Pierre Kobel

Promenade au Père-Lachaise en début de semaine. Quelques photos de statues d’enfants. Je ne peux que m’interroger sur le regard attentif qui leur est prêté dans ce lieu de deuil et de tristesse, mais aussi jardin de paix.

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Sur le quai du RER, un grand black raconte à qui veut l’entendre qu’il va faire réparer son téléphone qui est tombé dans l’eau. Il demande aux autres hommes de couleur d’où ils sont et s’ils sont musulmans. Est-ce qu’un être humain ne suffit plus ? Faut-il catégoriser les gens selon leur peau, leur origine, leurs croyances ? Homme, tu es homme et à ce titre, tu es mon frère ! Peu importe d’où tu viens. Je lutterai toujours contre les a priori exclusifs. Et en premier, contre les miens !

Un matin, après avoir écrit, je vais au marché. Durant le temps que je passe dehors pour faire mes achats, je m’apaise à croiser les visages de mes semblables, gens de ce monde banlieusard que j’aime, encore protégé de l’urbanisme outrancier de Paris — de moins en moins ! —, et déjà citadin malgré leurs attaches provinciales ou étrangères d’origine. Visages d’une société fragile. Combien de temps restera-t-elle tranquille ?

*

20230424gds-mots-pkobel_chroniq_hebdo76_toute_la_beauteCinéma, je vais voir l’un des meilleurs films depuis le début de l’année, Toute la beauté et le sang versé de Laura Poitras. Nan Goldin est au centre de ce documentaire qui entrelace avec justesse l’ensemble de son parcours personnel et artistique et la lutte qu’elle mène contre la famille Stalcker. Bernard l’a très bien démontré dans la note qu’il en fait sur le site de l’APA.

Nan Goldin est de ces artistes qui m’accompagnent depuis très longtemps et qui m’apportent plus que d’autres, bien plus sages. L’univers marginal qu’elle a mis en exergue est le sien et n’a jamais été le mien. Elle a cette vertu, si souvent ignorée, de dire la différence, la liberté, si dangereuse soit-elle. Là où nous nous contentons des rails tout tracés sur lesquels on veut nous voir soumis, Nan et ses semblables choisissent les chemins de traverse, le risque et l’excès de l’aventure et de la découverte. Ils en payent un prix fort qui peut être celui de leur vie, mais ils nous disent ainsi que la vie vaut plus que la ligne droite qu’on nous assigne.

J’y repense en parcourant le livre que Nathalie Yot a consacré à Janis Joplin. Dans Me and Bobby McGee, elle chante : « Freedom’s just another word for nothin’ left to lose », « la liberté, c’est juste un autre mot pour dire que l’on n’a plus rien à perdre. » Où est-ce que j’en suis avec la liberté ? Est-ce que je n’ai plus rien à perdre ?

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20230424gds-mots-pkobel_chroniq_hebdo76_fanonÀ la télé, un portrait de Franz Fanon, dénonciateur incontournable du colonialisme, des injustices sociales et politiques qu’il engendre et des troubles psychiques qu’il provoque. Médecin psychiatre et écrivain, il reste, plus de soixante ans après sa mort prématurée à l’âge de 36 ans, une voix majeure du tiers-mondisme.

Je l’ai peu et mal lu. Peau noire, masques blancs est dans ma bibliothèque, il me faut y revenir. Il n’est pas trop tard pour enrichir et développer encore ma conscience politique.

Fanon me renvoie à l’actualité. Après la validation de la loi sur les retraites par le Conseil constitutionnel, Macron l’a promulguée dans les heures qui ont suivi. Ses opposants et surtout la base syndicale et politique y voient du mépris. Et ils ont raison. Mépris des adversaires, mépris des opinions contraires. Mépris parce que trop sûr de lui. Il tente d’aller au-devant de l’opinion publique, pour renouer le dialogue, dit-il. Il est accueilli par des bruits de casseroles et conspué. Nous ne vous écouterons pas comme vous ne nous écoutez pas, lui oppose-t-on.

Si Fanon me renvoie à l’actualité, c’est parce que son discours dès la moitié du XXe siècle met en exergue la condition d’infériorité et de sujétion dans laquelle on tient la population pour les dominer.

Ce qui se passe en France aujourd’hui démontre qu’il en est toujours de même. La distorsion des esprits et des opinions se fait par d’autres médias qu’alors, mais le brouillage des idées sur les réseaux sociaux, les polémiques à l’infini, les controverses entretenues habilement pour détourner l’attention, le jeu réducteur des questions qui n’attendent pas de vraies réponses, si ce n’est formatées à l’avance pour aller dans le sens de ceux qui les posent, tout cela tient de ce mépris des gouvernants pour les gouvernés qu’ils apprennent dans leurs écoles et les cercles du pouvoir. Une démonstration éclatante est la façon dont sont considérés les résultats des consultations citoyennes initiées par le gouvernement pour des sujets de société très prégnants. Celle pour le climat en 2019 n’a pas été prise en compte. Qu’en sera-t-il de celle sur la fin de vie dont le rapport vient d’être remis ? Ces participations citoyennes ressemblent à de la poudre aux yeux. Des gens s’y engagent, font un travail considérable et au bout du compte, ils ne servent qu’à donner une image illusoire d’une démocratie qui n’est pas réelle.

Fanon a écrit, ses livres sont le bréviaire de bien des révolutionnaires. Et cependant le même mur fermé du pouvoir se dresse toujours face aux opprimés.

*

20230424gds-mots-pkobel_chroniq_hebdo76_caboulotteL’humanité je la retrouve dans L’année de la Caboulotte, la chronique d’une année que fait Fabienne Swiatly, publiée par La fosse aux ours. Je découvre dans son année de la Caboulotte, une personne profondément humaine qui fait face à l’existence avec la gourmandise, les désirs, les déceptions, les projets, les amours et les amitiés de tout un chacun.

Son récit se termine en août 2022. Depuis, elle voyage à travers la France au volant d’un camping-car, racontant son périple, ses rencontres au fil de chroniques qu’elle met en ligne sur son blog. Elle rejoint par son écriture ce qui nous intéresse à l’APA. Et je partage avec elle quelques goûts de longue date, dont celui pour l’œuvre de Thierry Metz.

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