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Grains de sel
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Blog créé par l'Association pour l'autobiographie (APA) pour accueillir les contributions au jour le jour de vos vécus, de vos expériences et de vos découvertes culturelles.
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11 avril 2022

Chroniq’hebdo | Des élections, de la littérature, de Charlotte Delbo, de Romy Schneider et de nos écoles

Pierre Kobel

20220411gds-mots-pkobel_chroniq_hebdo22_zola« Nous voici en pleine période électorale, et la grande comédie moderne recommence une fois encore. Molière, aujourd’hui, étudierait là les appétits et la sottise des hommes. C’est une rage universelle, c’est un étalage de toutes les médiocrités, c’est la bête humaine lâchée avec ses vanités et ses misères. » C’est ce qu’écrivait Zola dans Les Annales politiques et littéraires en 1893 à propos d’une autre campagne électorale. On peut être tenté de partager son propos alors qu’il reste deux semaines avant un second tour des Présidentielles qui va provoquer des débats insipides, des coups fourrés quotidiens et des alliances de circonstances tout aussi improbables et hypocrites que les promesses qui n’engagent que ceux qui les croient. Combien aussi je rejoins Bernard quand il s’alarme du taux d’abstention qui menace notre démocratie ! Le monde politique a-t-il conscience de la gravité que représente cet éloignement d’une véritable vie citoyenne ? Laisser autant de gens à la porte des bureaux de vote, c’est permettre aux démagogues de s’emparer encore plus des esprits.

Je mesure la déception, la colère de beaucoup, mais je ne peux me résoudre à donner raison à ceux qui s’abstiennent, leurs arguments furent-ils les meilleurs. Nous sommes citoyens et nous devons nous exprimer, dire le moins mauvais, faute de pouvoir dire le meilleur.

J’aurais pu y penser au début de la semaine en assistant à une rencontre littéraire dans une mairie parisienne avec quelques auteurs. Un point commun donnait un sens à leur réunion, la place de l’émotion dans nos existences, dans nos activités. L’un avait écrit comment le lâcher-prise permet de faire face à la maladie physique, une autre la part de l’émotion dans les relations familiales dans une situation d’emprise psychologique, un troisième montrait à travers sa poésie comment elle peut dire l’émotion dans une vie traversée par la maladie mentale. Le dernier a construit un concept pour montrer comment une part d’émotion dans le monde des affaires pourrait l’enrichir au lieu d’y être un obstacle. Illusion ? Que serait le pouvoir, économique, politique, militaire, s’il lui laisse place dans les artefacts de son système ? On peut rêver… Pour les tenants de ces pouvoirs, l’émotion est une faiblesse, ils sont formés pour la gérer et ne pas y céder. Comment pourrait-on croire à leur sincérité, à leur humanité ?

Tout cela pour dire que la seule chose dont je suis sûr avant que vous me lisiez et que j’ai fait un choix dans le secret de l’isoloir, c’est que je voterai. Sans illusions, mais avec détermination.

*

20220411gds-mots-pkobel_chroniq_hebdo22_delboMa semaine aura été traversée, et ce n’est pas sans relation avec ce qui précède, par la lecture d’une biographie de Charlotte Delbo. Cette femme unique, exceptionnelle, incontournable est devenue par ses écrits une des témoins majeures de ce que fut la déportation. Dans un article du Monde, Jean Hatzfeld écrit : « chaque phrase jusqu’à la dernière fait tinter en nous une clochette que Primo Levi, Robert Antelme, Patrick Modiano, Aharon Appelfeld et d’autres immenses écrivains ont agitée eux aussi, sans laquelle la lecture de l’Histoire des camps se dessèche comme les camps eux-mêmes. ». J’ai écouté un matin la Radioscopie dont elle était l’invitée en 1974 au micro de Jacques Chancel. À entendre sa voix, sa liberté d’expression, l’humour avec lesquels elle dit ses convictions autant que ses doutes et masque ses propres émotions, je me suis conforté dans la nécessité de croire à la vie au-delà de tous les obstacles.

C’est d’une autre façon ce que je voulais exprimer en répondant aux questions de notre amie Martine lorsqu’elle capturait mon image et mes mots pour le film des 30 ans de l’APA à venir. À quoi te sert l’APA me demandait-elle ? J’aurais pu répondre en relation avec les objectifs intellectuels de l’association que je ne néglige pas. Je préfère penser à l’amitié qui nous réunit, à cette convergence de nos existences qui nous permet d’échanger et de nous enrichir mutuellement. C’est aussi à cela que je pensais en lisant les réflexions de Catherine Bierling à propos du journal, réflexions dans lesquelles je me suis beaucoup retrouvé. Nos mots, si ordinaires soient-ils, sont un trésor, ils sont une liberté et un cadeau.

*

20220411gds-mots-pkobel_chroniq_hebdo22_romyUne autre femme aura marqué ma fin de semaine lorsque nous avons visité l’exposition que consacre la Cinémathèque à Romy Schneider. J’ai pour elle, et depuis longtemps, une forme de passion. Séduction sans doute, mais j’aime la liberté qui était la sienne, cette capacité permanente qu’elle a eu de se remettre en cause et d’aller vers de nouvelles expériences. L’exposition est riche en documents et sait montrer les qualités d’actrice de Romy sans jamais tomber s’attarder aux drames qui ont accompagné son existence.

*

Je termine cette chronique en renouvelant un appel déjà fait ailleurs. Appel à textes pour dire « nos écoles ». Nous avons tous été élèves, certains ont été enseignants, ailleurs nous avons été parents d’élèves. Écoles maternelles, élémentaires, collèges, lycées, universités, écoles professionnelles, « grandes écoles » ou écoles buissonnières, racontez-nous vos souvenirs, vos anecdotes, vos bonheurs et vos épreuves, vos rencontres ce que vous avez appris et désappris. Durant le mois de mai et jusqu’à la mi-juin, vos textes seront publiés dans ce blog avant de témoigner dans le cadre des journées de l’APA en juillet dont « Nos écoles » est le thème.

 

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A
Je pense d'abord que nous sommes sur la même longueur d'onde concernant vos réflexions sur la Presidentielle.<br /> <br /> Ensuite, je converge avec vous vers cette "Amitié" que vous donnez comme une bonne raison qui vous anime pour vous dévouer à l'APA.
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