Chroniq’hebdo | D’un festival de poésie, du cyclisme et de la phallocratie
Pierre Kobel
Longue semaine de poésie à Sète. Occasion comme tous les ans de retrouver les amis du festival, les éditeurs dont ceux qui me sont proches, les poètes. Occasion de faire de nouvelles rencontres, de découvrir de nouvelles écritures, d’agrandir le champ poétique dans sa diversité. Mais à fréquenter ce festival, je mesure combien il demande pour continuer d’exister, une organisation concertée et sérieuse. Cette année, les conditions de plus en plus précaires de son financement, sa direction parfois trop personnelle, voire autocratique, conduisent à le fragiliser. Tant de la part des festivaliers que des participants, éditeurs et poètes, les critiques se multiplient qui augurent mal de son avenir si une nouvelle impulsion ne lui est pas donnée.
Cependant, combien l’amitié, la chaleur humaine était là ! Et encore cette année, la poésie est descendue dans la rue.
Par ailleurs, autre qualité de cette manifestation, elle permet d’échanger en toute simplicité avec les écrivains, les plus connus comme ceux qui ne le sont pas encore.
Dans l'ordre : Alain Freixe, Imasango, Bruno Doucey, Anton Papleka,
Éric Sarner, Felip Costaglioli, Jeanne Benameur, Paul de Brancion,
Maud Leroy, Moncef Ghacem, Lara Dopff, Robert Lobet
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Durant la semaine s’est déroulé le Tour de France féminin. Un beau succès populaire et sportif, mais que n’a-t-on pas encore entendu de phallocratique de la part de quelques petits esprits rétrogrades qui profitent de la moindre occasion pour exprimer leur frustration sexiste ! Ils ont été remis à leur place par des coureuses et Marion Rousse, la directrice de la course. Mais cela montre à quel point notre société est encore loin d’avoir aboli des préjugés pourtant devenus indignes. J’ai toujours vécu dans un monde de femmes : sœurs, cousines, camarades d’études et des décennies en école maternelle qui ne s’appelle pas ainsi par hasard. Mon éducation ne m’a certainement pas évité des comportements machistes, mais ces fréquentations m’ont souvent recadré lorsque je les manifestais.
Et pour boucler la boucle (sans jeu de mots) en revenant à la poésie, je sais depuis toujours qu’en ce domaine, les écritures féminines valent largement celles des hommes, n’en déplaise au monde éditorial qui, là comme ailleurs, fait à ces derniers une place dont l’importance est parfois usurpée. J’y pense alors que je lis une biographie romancée de Sylvia Plath qui n’a pu se faire reconnaître à la hauteur de son époux Ted Hughes qu’après s’être donné la mort.
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