Hivernales
Catherine Bierling
I – Bons baisers d’Italie
Aïcha apporte les oranges
Dans une caisse de bois blanc
Est-ce Angelo, prince des anges
Qui cueillit ces fruits succulents ?
II – Évanescence
D’un seul geste rageur
Le brouillard a tiré le rideau
Sur un soleil malingre.
Un flanc de la montagne
A gardé des reflets bleutés
L’autre, disparu dans la brume laiteuse.
Des paillettes de givre
Volètent
S’accrochent aux brins d’herbe gelés
À mes cils
M’obligeant à baisser les paupières
III – Paradoxe
Un jeune peintre noir
Sifflote et repeint en blanc
L’entrée du vieil immeuble
Et le monde reprend des couleurs
IV – Neige et brouillard
On ne se salue même plus du regard
J’ai ôté mes lunettes
Barbouillées de flocons
Mouillés
Grésil ou duvet léger.
Les ombres floues
Sur le chemin croisées
Émergent du gris
Pour y disparaître
Aussi vite.
Nous sommes
Fantômes
Sans âme
Novembre 2020