Hommage à un rossignol
Catherine Bierling
Le chant
Dit-on : des trilles ? Des triolets ? Des doubles croches ?
Comment apposer un nom sur sa voix versatile ?
Chanteur de rock, il s’essouffle dans son tempo rapide
Deux notes crescendo : plus vite, plus vite, plus vite !
Solo de batterie jazzy
Musique tzigane
Puis voici qu’il rappe ou qu’il slame
Syllabes d’un idiome à deviner
Chanson rebelle des ruelles obscures
Protest Song ourlé d’un filet d’harmonica
Puis, sur un velours de ténor
S’immiscent les cassures graves du vieux rocker
Star de la Scala
Tu roucoules, telle une Reine de la Nuit
Tu nous rends haletants de savoir
Si jusqu’au bout tu monteras
Vers la plus haute note et la tiendras.
Doucement, rythme lent, tu t’élances à sa conquête
Note maintes fois rehaussée, répétée
Pour finir par une pirouette :
Notre rocker est de retour !
L’intermittent du spectacle
Bavard !
Fêtard !
Couche-tard !
Chaque nuit sous ma fenêtre
Tapage nocturne aggravé.
Mes multiples éveils sont brodés
De musique gratuite
Travailleur de la nuit
Fidèle au rendez-vous
Je compterai tes notes
Tenant registre des progrès
Des arrangements nouveaux
Des essais
Travailleur opiniâtre
Vers sept heures, épuisé,
Quand poindra le soleil
Il ira se coucher
L’amoureux
Sans doute est-il amoureux fou ?
Mais où est donc sa belle ?
Entendra-t-elle jamais
Sa supplique d’amant éconduit, malchanceux
Malheureux, trahi, transi ?
Écoute-t-elle seulement
Tout ce que nuit après nuit pour elle
Comme un troubadour il invente ?
Cet hymne à l’amour aura-t-il récompense ?
Belle dame sans merci montrera-t-elle sa clémence ?
Il y met tant de cœur
Tant de souffle et d’ardeur
Qu’on pourrait craindre
Que sa voix ne se brise
Son espoir, sa constance
Dépassent toutes les prières.
Mais qui est-il ?
L’invisible !
Seul, un chant
Seul, un son
Le mystère
Fort
Comme les lents mouvements de la Terre
Les irrésistibles montées de sèves
Que l’on pressent, aveuglément
Tapi dans le feuillage luxuriant.
On te dit petit,
Gris, insignifiant
Tel Orphée, seul ton chant
Ta lyre
Traversent victorieux l’Achéron
Verra-t-on jamais ton
Eurydice ?
Idéal d’amour
Cantate si réelle
Paroles vivantes…
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