Éveil du jardin
Catherine Bierling
La rose sous le grésil
Rêvait au parfum des îles
Inclinant sa tête mouillée
Sur de tristes feuillages rouillés
Matinée
Je partage mon petit-déj
Avec des moineaux dans la neige
Une cuillerée de flocons…
Tac, tac ! Les becs
Claquent sec sur l’inox.
Parfois, ils lèvent un œil noir inquiet
Vers nos ombres derrière la vitre
Un déploiement d’ailes agiles
Les ramène à l’abri sous la haie
Promenade humide
La neige fondue
Dégouline des sapins
Détrempe le sol et les chemins
Où l’on patauge
Pour rentrer à la hâte
Vers la chaleur de nos foyers.
Je songe à ces camps dévastés
Aux réfugiés
Dans la boue glacée
Qui n’ont plus d’âtres paisibles
Où se réchauffer.
Changement de temps
Le gel a gravé dans la boue
La trace de nos pas
Solidifié l’eau dans les flaques
Les grands pins s’ébrouent
Nous lançant de petits glaçons
Odeur fugitive de sanglier
Un écureuil hâtif se glisse d’arbre en arbre
Sur un tronc creux
Le pivert télégraphie ses nouvelles
Des enfants ont allumé un feu dans la clairière
Une femme mène son cheval sur le chemin.
Sous la scie cruelle des bûcherons
S’écroulent avec fracas
De fiers sapins.
(Décembre 2020, janvier 2021)