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Grains de sel
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13 mars 2021

Voyage à Tokyo de Ozu (1953)

Brigitte Fauquet

20210313gds-ecr-br_fauquet_voyage_a_tokyoCe film m’a émue par sa sobriété, sobriété dans l’image d’abord, on sort peu du cadre d’un appartement, sobriété des dialogues ensuite, les sentiments sont peu exprimés, on les devine, ils en sont d’autant plus forts, les personnages font preuve de pudeur. Ce qui donne au récit une grande austérité.

Ozu a situé son film après la guerre : le Japon, pays vaincu, se relève en travaillant intensément. Des cheminées d’usine crachent de la fumée, des trains circulent, témoins d’activité, mais le paysage est sombre, sans âme, les ruelles de banlieue vides, pauvres, sans vie. Le film est en noir et blanc, bien sûr.

Deux vieux, un grand-père et une grand-mère font un voyage éprouvant depuis leur village lointain pour rendre visite à leurs enfants qui habitent Tokyo. Ils se font une joie d’aller les voir, ils ne les ont pas vus depuis longtemps. Mais ça ne se passe pas comme ils l’imaginaient. Leur fils et fille sont très occupés et ne se rendent pas disponibles pour eux. Ils ne visitent Tokyo que grâce à une belle-fille, veuve d’un de leur fils, qui se libère pour eux. Seul personnage, éprouvé par la vie, qui leur manifeste de l’amitié. Leurs enfants, contrairement à leurs espoirs, ne sont pas « établis » dans la vie. Le fils, petit médecin de quartier pauvre, est corvéable à merci, la fille, elle, tient un petit salon de coiffure, très soucieuse de sa clientèle. Le deuxième fils est en voyage d’affaires et ne paraîtra qu’à la fin quand il sera trop tard. Pris par leur travail, ils ne voient l’arrivée de leurs parents que comme une gêne et pour s’en libérer, ils les envoient dans un centre de cure, peu adapté à leur âge, d’où ils rentrent épuisés. Mais ce qui est émouvant, c’est que ceux-ci ne se plaignent pas, n’en disent mot, sinon pour le grand-père, à de vieux amis, de leur génération. Ils décident d’écourter leur séjour et de rentrer chez eux. Mais la grand-mère, épuisée par le voyage ou blessée par l’absence de sentiments de ses enfants tombe gravement malade et se meurt. Les enfants sont enfin réunis autour d’elle, mais pour l’enterrer.

Ozu a voulu peindre un Japon moderne, qui a perdu le sens des liens familiaux, c’est particulièrement visible à travers la troisième génération, celle des petits-enfants, enfants – rois, habitués à ce qu’on leur cède leurs caprices et complètement indifférents à leurs grands-parents. On assiste à ce fameux fossé générationnel qu’on peut observer ailleurs, sous d’autres latitudes et des décennies après Ozu, quand la vie devient difficile…

Les seniors, comme on les appelle aujourd’hui pudiquement, ont des préoccupations de santé, les jeunes, eux, ont des préoccupations de travail.

Comment faire en sorte que ces mondes, si différents soient-ils, ne soient pas opposés et trouvent un terrain d’entente ?

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