Réflexions sur ma colline
Catherine Bierling
Abandonne la lutte
Contre l’absurdité
Passe le relais
À ces enfants qui poussent avec
Un absolu courage
Sois témoin
Sans la rage
Sois présente
Sans désespoir
Ils vivront pour toi
Nourris de l’amour
Que tu leur donneras.
*
Grippes aviaires
Ne voyez-vous pas
Les grues tomber du ciel
Foudroyées
Comme un funeste présage
Que personne ne prend la peine
De déchiffrer ?
*
Presque assoupie
Au pied ensoleillé du bouleau
Où sommeillent quatre lézards
Attendant le renouveau…
Cette dent de sagesse qu’est la vie
Il faudra te l’arracher
De force
Même branlante et cariée
Elle ne cessera pas de mâcher.
(À Boris Vian)
*
Les bouffées de vent d’est
Sont traîtres
Et font frissonner
Les brins d’herbe
Ourlés d’or
Les feuilles d’un petit carnet
Tu viens t’abreuver à la lumière
Même si elle est coupante
Comme une tôle acérée
*
Ton stylo
T’a déjà sauvée
De bien des noirceurs,
Aussi
Tu te cramponnes encore à lui
Comme à l’aviron frêle
Qui mènera ta barque
Vers d’autres rives plus sereines.
*
Beautés, lumière, souffles du vent
Infime chaleur
Insecte vivant
Promeneurs, enfants
Chiens qui courent
Voix et rires
Azur, battements d’ailes