Pâques et ses lièvres

Catherine Bierling

Ma petite-fille de neuf ans me confie, un brin mélancolique : « Tu sais, le lièvre de Pâques, ça n’existe pas. »

Elle a essayé d’y croire le plus longtemps possible, mais cette année, elle a dû se rendre à l’évidence. Tradition germanique, c’est le lièvre qui peint les œufs et les cache dans les jardins. Tradition que nous avons conservée et entretenue pour le plus grand plaisir de tous dans ce jardin des Cévennes où la petite gloussait de plaisir en courant d’une cachette à l’autre. Elle a retrouvé son sourire quand je lui ai fait remarquer qu’à présent elle pourrait entretenir l’histoire du lièvre de Pâques pour son petit frère et cacher à son tour les œufs dans le jardin.

Nous revoici donc dans ce « jardin des Cévennes » au rendez-vous d’un printemps que je n’avais plus rencontré depuis 2019, à cause des divers confinements et interdictions de voyage. Même s’il est un peu froid et venteux par moments, l’éclat de sa lumière y est toujours incomparable.

Deux ans que je n’avais pas assisté à la floraison du cerisier, avec sa tempête de pétales blanc côté chambre, ni à la floraison de rose flashy côté cuisine où l’arbre de Judée déploie prudemment ses fleurs en grappes serrées tout au long de ses branches.

Cette nuit, notre sac à pain, accroché devant la porte a disparu. Perplexité le matin en ouvrant la porte. Non seulement il n’y aura pas de baguette fraîche au petit-déjeuner, mais le sac s’est littéralement volatilisé. C’est le voisin qui le rapporte en début d’après-midi. La tempête nocturne l’avait propulsé jusqu’au milieu de son jardin.

Les abeilles solitaires ont colonisé presque tous les trous de « l’hôtel à insectes » installé dans le jardin. Hyperactives dans le soleil, elles bouchent solidement les trous où elles ont déposé leur progéniture qui devra ronger cet obstacle pour sortir au printemps prochain.

J’aime ces nouvelles de peu d’importance, permettant d’oublier pour un temps, celles qui sont plus déprimantes et n’entendre le bruit du monde que filtré et venant de très loin.

Ma petite-fille dit en conclusion : « Finalement, c’était bien d’avoir cru si longtemps au lièvre de Pâques ! »

Père Noël, petite souris, lièvre de Pâques. Entretenir un peu la magie de l’enfance ; les soucis des adultes arriveront bien assez vite…

Internet

• Wikipédia | Œuf de Pâques

Comments

[marie-françoise]

"nouvelles de peu d'importance..." mais qui irriguent et s'accordent si doucement à l'intime joie des temps de Pâques... Merci !